Un texte jusque-là inédit, permet une nouvelle approche, sombre et violente, d’un de ces « seigneurs de la guerre » qui s’illustrèrent aux confins de la Chine et de la Russie aux lendemains de la Première guerre mondiale. Ce Balte passé chez les Bouriates n’est autre que le mythique général baron Ungern.
Jérôme Besnard
8 octobre 2024 à 22:00
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De Paul Serey, mystérieux écrivain bipolaire, on avait particulièrement goûté Le Carrousel des ombres (éd. des Équateurs, 2019), un livre où il convoquait volontiers Joseph Conrad, Thelonious Monk et Armand Robin. Et voilà que nous apprenons qu’il a déniché en 2015 à Daouria (Transbaïkalie), un manuscrit inédit concernant le baron Ungern, personnage central du Carrousel, signé d’un certain Erast Pavlovitch Noudatov, officier russe blanc de son état. Un trésor aujourd’hui publié et qui s’accompagne d’une préface érudite de Laurent Schang.
Le baron Ungern doit une grande part de sa notoriété à Hugo Pratt (1927-1995), le génial créateur italien du personnage de Corto Maltese, lui-même influencé par un livre de l’historien militaire normand Jean Mabire (1927-2006), paru en 1973. Ungern intégra donc l’univers d’Hugo Pratt en 1977 dans l’album de bande-dessinée Corto Maltese en Sibérie.
Une brute épaisse au service de la cause sacrée des Romanov
Roman von Ungern-Sternberg, né en 1886, était le rejeton d’une des familles de souche allemande intégrées à la noblesse russe. A compter de la révolution bolchévique de 1917, il se mit au service de l’ataman cosaque Semenov (1890-1946) et passa avec lui dans la partie asiatique de l’ancien Empire russe.
Voilà le portrait peu reluisant que Noudatov dresse du baron Ungern tel qu’il le connut en 1921 : « D’aspect, c’était un homme grand et maigre, au petit nez, aux sourcils broussailleux, aux yeux d’étain impitoyables, avec une moustache grise jaunie par la cigarette et qui cachait des dents pourries. » Et l’officier blanc de conclure quelque ligne plus loin : « C’est cet homme, moins qu’à moitié normal, un véritable sadique, qui devait accomplir une « grande tâche » : écraser la Russie soviétique et restaurer la Sainte dynastie des Romanov. »
Dans le récit attribué à Noudatov, Ungern apparaît comme une brute antisémite au service de Bogdo Khan (1869-1924), un bouddhiste tibétain. Unissant leurs forces, le général et le lama …
Jérôme Besnard
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