Géopolitique

Sous-marins australiens : la France encore dans la course ?

 
Tout avait commencé en 2016, lorsque François Hollande avait signé avec le président australien Malcolm Turnbull un contrat de 56 milliards d’euros. Avec l’entreprise Naval Group, il devait permettre à l’Australie d’obtenir douze sous-marins de classe Attack dès 2035, soit suffisamment tôt pour remplacer sa flotte vieillissante qui sera inutilisable en 2040. Qualifié de « contrat du siècle », il avait été brutalement rompu cinq ans plus tard. 

L’affaire avait fait grand bruit, et avait été vécue à la fois comme une humiliation française et une trahison des alliés anglais et américain. En effet, dans le plus grand silence, ceux-ci s’étaient concertés avec Canberra pour reprendre le contrat initialement accordé à la France. L’alliance AUKUS (Australia-United Kindom-United States) se forme donc et, sans préavis, le contrat est rompu. Les deux mois suivants, une crise diplomatique éclate entre la France et les conspirateurs, débouchant finalement par un apaisement progressif lors de la guerre russo-ukrainienne et par le versement de 555 millions d’euros à Naval Group par le gouvernement australien, soit un centième du contrat. 

Un rebond inattendu 

Alors que l’affaire semblait enterrée pour tous, un évènement particulier est venu bousculer la situation. En juillet 2022, un rapport du Congrès américain a émis de sérieux doutes quant à la capacité des États-Unis à fournir les sous-marins dans les temps. Mettant en péril la sécurité de la plus grande île du monde, celle-ci pourrait bien à nouveau faire demi-tour vis-à-vis de l’alliance AUKUS auprès de laquelle elle s’était engagée. En effet, le ministre australien de la Défense Richard Marles a récemment affirmé que ces constructions pourraient bien prendre du retard, et ne s’achever qu’après 2040, date à laquelle la flotte du pays sera déjà hors-service. Un risque que Canberra ne peut pas prendre au vu de l’importance géostratégique croissante de la région face à la montée en puissance de la Chine dans ces eaux. 

Emmanuel Macron n’a d’ailleurs pas attendu longtemps pour réfléchir. Dès juillet, le Président de la République aurait téléphoné à son homologue australien afin de réchauffer les relations entre les deux pays. La venue du ministre australien de la Défense à Brest en septembre pourrait d’ailleurs ne pas être une coïncidence. 

Pourtant, il n’y aurait aucune raison de s’enflammer à ce sujet. Au-delà des spéculations, un rapport définitif des États-Unis sur la situation sera rendu en mars 2023, date à laquelle le gouvernement australien prendra sa décision. De plus, la France n’est pas seule à convoiter ce marché : la Suède, l’Allemagne et le Japon seraient également en lice pour remplacer l’alliance américano-britannique.

La rédaction d'OMERTA

Soutenez un média 100% indépendant

Pour découvrir la suite, souscrivez à notre offre de pré-abonnement

Participez à l'essor d'un média 100% indépendant
Accédez à tous nos contenus sur le site, l'application mobile et la plateforme vidéo
Profitez de décryptages exclusifs, d'analyses rigoureuses et d'investigations étayées

Commentaires

Soyez le premier à ajouter un commentaire

À lire

Emmanuel Macron au pied du mur

En évitant de peu que soit votée pour la première fois une motion de censure depuis 1962, le Président de la République doit agir ou se résigner à disparaître.

Terrorisme palestinien : le scandale de l’enquête Copernic

L’attentat contre la synagogue de la rue Copernic restera comme l’une des enquêtes antiterroristes les plus chaotiques de la Ve République. A la veille du procès, le journaliste Clément Weill-Raynal le décrypte dans un passionnant ouvrage.

[Essai] Conduire la guerre : la voie du dux bellorum

Un essai à deux voix nous fait redécouvrir l’art opératif multidisciplinaire élaboré en son temps par Alexandre Svetchine.

L’exportation de produits agricoles français en baisse

Le public a pu découvrir dès ce samedi la 59ème édition du Salon de l’Agriculture, évènement majeur de la filière agricole. Alors que le secteur traverse une période épineuse, notre pays, autrefois fierté de l’agriculture mondiale, a été relégué au cinquième rang des exportateurs de produits agricoles, soit une chute vertigineuse en seulement deux décennies.

Où acheter mon magazine OMERTA ?

Si vous cherchez à vous procurer le premier numéro de notre magazine OMERTA, vous êtes au bon endroit !

À Voir

Iran : retour d'expérience sur CNews de Régis Le Sommier