« La question des mineurs victimes d’abus sexuels devrait constituer une priorité de politique publique »
Béatrice Brugère, magistrate et syndicaliste
Un entretien d’OMERTA avec Béatrice Brugère, secrétaire générale du Syndicat Unité Magistrats, auteur du livre "Justice : la colère qui monte" (L’Observatoire) et Delphine Blot, magistrate.
Jérôme Besnard
14 juin 2024 à 08:04
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Vous plaidez pour une nouvelle approche de la question des mineurs délinquants qui ne soit pas seulement judiciaire. Quels sont les autres axes à explorer dans ce domaine selon vous ?
En effet, la justice des mineurs mérite une approche globale et renouvelée dans sa grille de lecture. De nombreux mineurs délinquants sont suivis par des juges des enfants en assistance éducative, ce qui signifie qu’ils sont considérés comme étant des « mineurs en danger ». Un mineur ne devient pas délinquant par hasard et il serait temps d’investir le champ de l’analyse criminologique et des sciences humaines pour notre ministère. Si, pour des faits graves ou réitérés, une réponse pénale est indispensable pour mettre un frein à ce type de comportement, la réponse effective apportée à la question des mineurs délinquants ne saurait être uniquement répressive d’autant plus que celle-ci intervient souvent trop tardivement . Il faut aussi s’attaquer aux causes, qui peuvent être multiples : perte de repères dans une société qui ne s’accorde plus sur des valeurs communes, crise de l’autorité que l’on constate partout, notamment dans l’éducation nationale, fragilisation des familles, explosion des conduites addictives, impact des écrans (images et vidéos ultra-violentes ou pornographiques) sur les plus vulnérables, etc…
Il est surprenant de relever que si les statistiques disponibles en la matière ne font pas état d’une augmentation de la délinquance des mineurs, elles permettent en revanche de constater un changement de nature et de gravité des faits commis : les délits ou crimes commis par des mineurs consistent davantage en des atteintes aux personnes, des violences graves, parfois gratuites, ou des agressions sexuelles ; concernant ces dernières, des rapports récents ont même relevé une explosion des délits ou crimes sexuels commis par des mineurs sur d’autres mineurs, et ce de plus en plus jeunes.
Alors comment expliquer ces évolutions ? Seules des études approfondies, sociologiques et …
Jérôme Besnard
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