Quand le service public cautionne les mineurs transgenres

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Dans un article paru le 3 janvier dernier, la journaliste Sophie Constanzer rencontre Liz, une adolescente transgenre de 17 ans qui a commencé sa transition il y a un peu plus d’un an : « ça me permet d’éliminer tout ce qui n’est pas moi dans mon corps », confie-t-elle. 
 
Bien que l’intérêt de l’interview soit d’en apprendre davantage sur le parcours de ces mineurs et les moyens mis en place pour les aider, la journaliste reste opaque sur les éventuels risques encourus par ces adolescents. Pour rappel, une personne transgenre adopte l’apparence du genre opposé à celui de sa naissance par la prise d’un traitement hormonal, tandis qu’une personne transexuelle passe en plus par la chirurgie pour modifier son corps, ce qu’elle ne peut faire qu’à partir de 18 ans. 
 
Au cours de l’interview, on observe rapidement que la journaliste manifeste une certaine complaisance envers le phénomène, sans pour autant prendre du recul. Une pratique courante, mais inquiétante, car à ce jour, il n’existe aucune étude sur la « transition » ou sur les risques encourus. En France, si le phénomène n’en est qu’à ses débuts, on constate cependant une augmentation des consultations et séjours hospitaliers pour les mineurs transgenres ces dix dernières années. 
 
Depuis quelques mois, Liz a commencé un traitement hormonal qualifié d’ « assez lourd ». Prescrit pendant la puberté autour de 15-16 ans, son impact est en partie irréversible, sur la voix et la pilosité notamment, et peut agir sur la fertilité. Dès la première prise, les effets s’en ressentent comme le raconte l’adolescente : « tout de suite il y a une grosse fatigue qui s’installe, même au niveau des émotions, on peut ressentir des choses beaucoup plus fortes après la prise des bloqueurs [NdlR : de puberté] ». 
 
L’article de France Info se concentre ainsi sur la détresse de Liz. Détresse, qui l’a poussée à transitionner grâce au soutien de sa mère. C’est elle qui, avec son mari, a choisi le nouveau prénom de leur enfant né garçon : « il y a un moment où c’est devenu insupportable à vivre. Le mal-être était tellement grave qu’elle avait besoin de notre aide avant sa majorité » explique-t-elle. Elle n’y voit d’ailleurs pas un phénomène de mode, mais « quelque chose de tellement profond…». Cette compétence nous fait d’ailleurs oublier que France Info traitait quelques semaines plus tôt le phénomène de « détransition », par le biais du témoignage de Solène, qui déplorait que « on n’entend pas assez celles et ceux pour qui la transition a été une déception ». 
 
Concernant les enjeux de la transition, c’est le docteur Jean Chambry, pédopsychiatre, qui prend le micro. Quid des risques de regretter une fois adulte ? Ce dernier atteste qu’ils existent, mais qu’il ne faut pas pour autant remettre en cause leur capacité à choisir. Il se veut même rassurant lorsqu’il assure que la transition ne se fait pas en trois mois et qu’il faut en moyenne compter deux ans dans les hôpitaux publics avant de pouvoir la démarrer. Une longue attente suffisante pour minimiser les risques ? 
 
Le docteur Chambry est l’un des premiers à avoir fondé en 2013 une consultation hospitalière dédiée à la prise en charge de la transidentité en France. Expert dans son domaine, il est responsable du Centre intersectoriel d’accueil pour adolescents à Paris.
 
Lors d’une visio-conférence datée du 14 mars 2022, intitulée : « comprendre les besoins de son enfant et la notion d’habilité parentale », le docteur affirme que « plus le cerveau est jeune, plus il est malléable ». Il développe aussi l’idée selon laquelle les pathologies psychiatriques seraient liées à l’absence de « l’attachement sécure », ainsi qu’il le nomme. D’après son expertise, le bébé a un besoin naturel d’avoir des parents fixes qui s’intéressent à ses besoins et qui soient disponibles dans une continuité pour lui donner un sentiment de sécurité. La carence ou l’absence de cet attachement serait un facteur de risque pour tous les troubles psychiatriques comme l’anxiété, la dépression, la schizophrénie et la bipolarité.
 
Mais alors que les adolescents font partie de cette génération aux parents divorcés ou absents, la théorie du Dr. Chambry pourrait-elle être une réponse au mal-être ressenti par certains de ces adolescents ?
 
La question est délicate, puisqu’il est impossible d’analyser l’enfance des personnes qui le consultent. Le docteur l’avoue lors d’une autre conférence donnée en 2021 pour la Société de l’Information Psychiatrique, sur la place de la psychiatrie dans la « dysphorie de genre à la transidentité ». Certains de ces jeunes patients refusent que leur parole soit remise en question : « tu ne crois pas que c’est en lien avec le fait qu’il y ait eu tel drame dans ta famille ? Non, ça non ». Visiblement, l’omerta pèse sur le sujet.
 
Le Dr. Chambry poursuit : « effectivement si on se met dans cette position, partir du présupposé qu’il y aurait du sens à cette demande, au sens d’une histoire, d’un parcours, d’une construction ; c’est vécu par les personnes concernées comme une approche symptomatique de leur identité alors même qu’on vient d’affirmer qu’il n’y a pas de normalité de la construction identitaire ». Le pédopsychiatre va même plus loin, lorsqu’il affirme qu’il lui a été demandé de ne peut plus faire de questionnaire sur leur enfance : « tout ça, c’est vraiment, quasiment interdit ». Pour autant, le constat, ne va pas jusqu’à la dénonciation. 
 
Il affirme aussi que les critères diagnostics sur la dysphorie de genre ne sont plus recherchés actuellement, et que seule l’évaluation de la vie psychique actuelle des personnes en termes de dépression et d’anxiété est maintenue.
 
De ces conclusions, on peut trouver troublant le fait que le docteur Chambry n’en fasse aucune mention face à une enfant trans. D’autant, que la Haute Autorité de Santé révèle des chiffres inquiétants concernant les troubles de santé mentale des personnes transgenres. Sur 51% de personnes de 18 ans ou plus, 46.6% auraient des idées suicidaires et 27,2% auraient déjà tenté de se suicider. Pour la HAS, la rupture des liens familiaux et la discrimination des transgenres seraient responsables de ce triste constat.

Face à l’augmentation massive de mineurs diagnostiqués « dysphoriques de genre », et à un Corps médical opaque sur ces questions sensibles, l’Observatoire La Petite Sirène a vu le jour. Mis en lumière par le documentaire d’OMERTA « Trans, la confusion des genres », ce collectif a pour but de questionner authentiquement la transidentité afin de prévenir, accompagner et aider les adolescents en quête d’identité.

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