Guerre avec Israël : l’Iran montre ses capacités de frappes

Date:

Lu quelque part, mais je ne me souviens plus où. Un dignitaire iranien avait dit un jour : « Nous produisons des missiles comme vous des cigarettes. » Sur le coup, j’avais classé cela dans l’emphase typique des discours au Moyen-Orient et dont Nasrallah, le défunt allié de Téhéran, incarnait la forme parachevée.

Au regard des frappes iraniennes de cette nuit sur Tel Aviv, Haïfa, le nord et le centre d’Israël, le monde s’aperçoit que l’Iran est très sérieux. Il constate également que les mollahs, en dépit de l’archaïsme de leur pensée, maitrisent la balistique en virtuose. Ils ne gagnent pas les nuées simplement pour y être célébrés ensuite en martyrs, mais également pour faire retomber l’ogive sur leur adversaire à des vitesses prodigieuses.

En 2003, avec l’aide de la Corée du Nord, les Iraniens ont ajouté le missile Shahab-3 d’une portée de 2000 kilomètres à leur arsenal. En 2005, ils ont commencé à le produire chez eux. Depuis, ils n’ont pas cessé de produire des missiles. Ils disposent aujourd’hui de quinze catégories de missiles capables de frapper n’importe où en Israël. L’Iran est bien plus riche que la Corée du Nord et dispose de ressources en minéraux. Le pays ne manque pas d’ingénieurs et de scientifiques, une inclinaison qu’ils ont conservée depuis les temps antiques de la Perse.

Cette spécialisation en missiles et en drones (on a pu découvrir l’efficacité des Shaheed à l’occasion de la guerre en Ukraine) s’est faite au détriment de leur marine et de leur aviation.

Les Israéliens évoquent 10 000 missiles à la disposition de l’Iran. Il y en aurait en réalité peut-être le double. Hier soir, au moins cinq classes de missiles différentes ont été utilisées pour frapper Israël.

Cette attaque massive s’est produite à un moment où l’État hébreu a de son côté porté un effort militaire moindre que la nuit d’avant. Peut-être est-ce le signe que l’aviation israélienne commence à manquer de munitions, ce qui pourrait expliquer l’empressement du Premier ministre Benjamin Netanyahou à demander de l’aide aux Américains.

Il y a aussi l’objectif affiché : la destruction du programme nucléaire iranien pour empêcher le régime de construire rapidement une bombe atomique. Les frappes israéliennes réalisées sur Natanz et Ispahan ont été efficaces sur les bâtiments de surface. En revanche, pour le site de Fordow, les dégâts sont limités, dus en partie au fait que les structures ont été fabriquées en béton UHPC et qu’elles sont enterrées sous de hautes montagnes. Face à ces défenses, même des bombes GBU-57, les plus pénétrantes dans l’arsenal américain, sont inefficaces. La GBU-57 peut frapper jusqu’à 60 mètres de profondeurs en perforant un béton classique. Avec le UHPC, elle ne peut percer que deux mètres d’après les tests réalisés…

Dans cette guerre, l’Iran reste isolé. Son économie est extrêmement dépendante des hydrocarbures, une cible de choix pour les chasseurs et les drones israéliens. L’économie d’Israël souffre elle aussi. Les dégâts engendrés hier soir sur les raffineries d’Haïfa sont considérables. Pour la reconstruction, les Israéliens s’adresseront certainement aux Américains. Les Iraniens s’adresseront-ils aux Chinois ? Ça sera plus compliqué… Ils sont moins dans l’assistance sans retour.

En attendant la fin des hostilités, l’armée américaine s’est positionnée en Méditerranée orientale, prête à l’action. Les Israéliens les pressent d’intervenir. Mais Donald Trump l’a manifesté à l’issue d’une conversation avec Vladimir Poutine : il veut la fin de cette guerre. Mais il entend bien profiter de la pression israélienne sur l’Iran pour presser les Iraniens de signer l’accord sur le nucléaire. Le deal, c’est signer où je fais un malheur. Jusqu’à finir par s’engager ? Face à son opinion publique et à ceux qui ont voté pour lui, Trump sait très bien qu’un engagement, même aux côtés d’Israël, l’allié le plus cher, est trop risqué. Avec l’Afghanistan et l’Irak, l’Amérique a eu sa dose de guerres interminables et coûteuses. Elle n’en veut plus…

Voir aussi : Iran / Israël : un conflit inévitable ?

Inscription Newsletter

Derniers articles

spot_img
Omerta

GRATUIT
VOIR