Culture

[Roman] Le mage du Kremlin : envoûtant

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Ne serait-ce que pour la qualité de l’écriture, associons-nous un instant à nos confrères de Marianne sur un point : Le Mage du Kremlin méritait bien un Goncourt. 
Le sujet de ce roman, c’est la permanence de l’Histoire dans la Russie éternelle. Suivant le parcours du fictif Vadim Baranov, fils d’un important membre de l’administration communiste, il nous fait arpenter ces trente dernières années au sein de la Mère Patrie.  
Certains des plus hauts représentants du pays traversent les périodes : l’alcoolique Boris Eltsine, le sinueux milliardaire Berezovsky, le génial champion d’échecs Garry Kasparov, l’obscur chef de Wagner Evgueni Prigojine et enfin, l’implacable Vladimir Poutine.  
En effet, bien que notre histoire ait un héros, elle a aussi un sujet. Ce sujet, c’est la Russie, de la fin d’Eltsine à la guerre en Ukraine, celle de la progressive fermeture à l’Occident, celle du règne de celui qu’on appelle le « Tsar » : Vladimir Poutine. Sans entrer dans une hasardeuse introspection mentale du Président de la Russie, certaines scènes, dans l’intimité des hauts cercles du pouvoir, lèvent une ombre sur le mystérieux autocrate.  
La relation entre le pouvoir et le peuple semble n’avoir pas changé depuis l’époque des boyards et des serfs. Multipliant les analogies pour rappeler la pluriséculaire verticalité de la hiérarchie russe, l’œuvre marginalise cependant une classe moyenne occidentalisée qui échappe à ces vieux rêves (ou cauchemars).  
Il est un reproche que ceux qui n’ont pas lu Le Mage du Kremlin n’hésiteront sans doute pas à faire : l’accusation d’être pro-russe. Pourtant, le défaut de ce roman n’est pas d’être pro-russe, mais authentiquement russe. Les cours impériales et leurs folies de Dostoïevski, les misères de Pouchkine font leur grand retour pour critiquer en bien ou en mal les acteurs de cette scène qui se joue chaque jour au Kremlin.  
C’est donc avec un grand réalisme que cette fiction dépeint la Russie de l’ancien contre-espion du KGB. Dévoilant les …

Marguerite de Rubempré

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