Culture
Anima : “Le Grand remplacement de l’homme”
Dans son dernier essai, l’écrivain retrace de façon remarquable la généalogie de l’âme humaine. Comprendre comment l’idée de l’âme s’est construite et découvrir surtout comment elle a été détruite, c’est tout l’objet de cette enquête philosophique édifiante qui remonte à l’histoire des premiers hommes. Car la destruction de l’âme engendre directement le nihilisme moderne et l’hybris transhumaniste contemporains.
Pierre-René Lavier
2 mai 2023 à 13:21
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Mais, comme l’explique le philosophe, l’âme a depuis été dégradée et finalement détruite. Cet anéantissement trouve ses premiers germes dans le dévoiement du christianisme, provoqué notamment par l’apôtre Saint Paul, accusé par Michel Onfray d’avoir fait de la haine du corps le corollaire de l’âme chrétienne, préfigurant ainsi sa destruction.
Par la suite, le matérialisme s’est frayé un chemin dans la pensée occidentale, affaiblissant et déconstruisant l’âme. Accompagnant cette entreprise de destruction, la volonté de créer un Homme nouveau, édictée pour la première fois par Saint Paul, reprise par les révolutionnaires jacobins de 1793, puis par les différents régimes totalitaires du XXe siècle. Ce dessein motive aujourd'hui les entrepreneurs du transhumanisme et les progressistes qui vantent la déconstruction.
Car si l’âme n’existe plus, si l’homme ne diffère plus, grâce à elle, de l’animal ou de toute autre espèce vivante, rien n’empêche de le repenser, de le recréer ou de l’améliorer. Le philosophe nous exhorte ainsi à nous méfier des “progrès” de la science qui promet le perfectionnement de l’homme, mais qui serait, en réalité, le cheval de Troie d’une “nouvelle barbarie”.
Penseur matérialiste, Michel Onfray n’en déplore pas moins la destruction de l’âme et sa conséquence : le Grand remplacement de l’homme, qu’il analyse avec une féroce acuité.
Michel Onfray, Anima. Vie et mort de …
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