« Du sang dans les rues, j’en ai jusqu’à la cheville… Du sang qui colore les palmiers de Venice, du sang dans mon amour au milieu d’un été terrible. Le soleil ensanglanté de ce Los Angeles fantastique ». C’était en 1970, et Jim Morrison des Doors chantait déjà le sang, la violence et la beauté de la cité des anges.
Depuis, la grande métropole de l’Ouest américain a fait parler d’elle plusieurs fois. Dans les années 80, les gangs ont remplacé les anges. Les « Crips » et les « Bloods » (encore le sang) défraient la chronique avec leurs règlements de compte. Compton, Inglewood ou South Central disputent les gros titres aux stars d’Hollywood. C’est le moment de la naissance du rap « West Coast » avec Snoop Dogg, Tupac Shakur et Dr Dre, tous des fils des ghettos.
Puis vient le temps des émeutes raciales. 1992, l’affaire Rodney King, un chauffeur victime de violences policières au terme d’une course-poursuite retransmise en direct. À Los Angeles, la violence s’étale en large sur les écrans. S’ensuivent des jours d’émeutes et de colère de la minorité noire, colère qui s’exerce en grande partie contre les Coréens, une autre minorité accusée de grignoter le ghetto de South Central.
Cette fois, c’est une affaire de lutte contre l’immigration clandestine qui a mis le feu aux poudres à LA. La décision de Donald Trump de combattre pied à pied les migrants et de les renvoyer chez eux s’est heurtée à une résistance des quartiers, nourrie, il faut bien l’avouer en sous-main, par l’opposition au même Donald Trump. On l’a oublié, mais lors de son précédent mandat, particulièrement la dernière année à la suite de l’assassinat de Georges Floyd par un autre policier, les villes américaines étaient en feu. Partout les activistes antifa et ceux de Black Lives Matter menaient la rébellion. Ils étaient allés, à Oakland ou à Seattle par exemple, jusqu’à occuper le centre-ville pendant plusieurs semaines. Des scènes de pillages avaient émaillé ces protestations.
À la suite de Los Angeles, la contestation a pris de l’ampleur. Trump a choisi la manière forte en déployant les Marines à LA. Désormais, la police est déployée dans le centre de Chicago, et le Texas envisage de faire appel à la Garde nationale pour rétablir l’ordre. Pour Trump, c’est l’heure de vérité. Plus que l’Ukraine ou Gaza, la lutte contre l’immigration clandestine est au cœur de son programme et une des raisons principales pour lesquelles il a été élu.
