Donald Trump a annoncé en grande pompe, dans la nuit du 24 juin, un cessez-le-feu « total » entre Israël et l’Iran, après douze jours d’un conflit d’une intensité inédite au Moyen-Orient.
Mais derrière cette proclamation théâtrale, les faits laissent apparaître un accord bancal, non confirmé par les deux parties, et qui illustre une fois encore le désordre mondial entretenu par une diplomatie américaine autoritaire, improvisée et avant tout préoccupée par ses propres intérêts.
L’annonce du président américain repose sur une logique unilatérale : d’abord l’arrêt des opérations iraniennes, puis, douze heures plus tard, celui d’Israël. Une séquence qui consacre une asymétrie évidente dans les rapports de force et relègue Téhéran à un rôle d’acteur sous conditions. L’Iran a immédiatement démenti l’existence d’un accord formel, tout en se disant prêt à cesser les hostilités si – et seulement si – Israël mettait fin à ses frappes. Or, au même moment, de nouveaux missiles iraniens ont frappé Beersheba, tuant quatre civils, et des explosions ont secoué Téhéran, preuve que les armes n’ont pas encore été rangées.
Ce prétendu cessez-le-feu est intervenu dans un contexte d’extrême tension, après que les États-Unis ont bombardé plusieurs sites nucléaires en Iran, au mépris du droit international. Téhéran a riposté de manière mesurée en ciblant une base américaine au Qatar, dans une manœuvre soigneusement calibrée pour éviter des pertes humaines et offrir à Trump une porte de sortie. Un ballet cynique dans lequel les civils, iraniens comme israéliens, ont payé le prix fort. Plus de 400 morts en Iran, 24 en Israël, et des milliers de blessés.
Loin d’apaiser les tensions régionales, cette « trêve » improvisée semble avant tout servir l’image du président américain, soucieux d’apparaître en maître des horloges diplomatiques. Mais les fondations de ce cessez-le-feu sont fragiles, car les véritables causes de l’escalade – l’ingérence américaine, les ambitions israéliennes contre l’Iran, et le refus occidental de toute reconnaissance géopolitique de la République islamique – restent entières.
Encore une fois, la France brille par son effacement. Aucun rôle dans les discussions, aucune initiative indépendante. Paris s’aligne sur le récit dominant, tandis que les intérêts stratégiques français dans la région sont marginalisés. Loin d’une diplomatie gaullienne et souveraine, la voix française se dissout dans le tumulte otanien et atlantiste.
Ce cessez-le-feu est peut-être un répit temporaire, mais il ne doit pas masquer le déséquilibre structurel d’un ordre international qui continue de traiter certains États comme des vassaux et d’autres comme des ennemis perpétuels. La paix ne peut être durable que si elle repose sur la justice, la réciprocité et la souveraineté des nations. Rien de tout cela n’a été garanti par Donald Trump la nuit dernière.
