Amadou Mansour Faye, ancien ministre sénégalais et beau-frère de l’ex-président Macky Sall, a été placé sous mandat de dépôt ce lundi 27 mai par la Haute Cour de justice.
Il est inculpé pour une série d’infractions financières présumées liées à la gestion du Fonds Force Covid-19, mis en place entre 2020 et 2021 dans le cadre du Programme de résilience économique et sociale. Selon l’accusation, une surfacturation de 2,7 milliards de francs CFA aurait été constatée dans l’achat de riz destiné aux populations durant la pandémie.
L’ancien ministre du Développement communautaire est poursuivi pour association de malfaiteurs, concussion, corruption, faux et usage de faux, détournement de deniers publics et blanchiment de capitaux. Il devient ainsi le troisième ancien ministre du régime de Macky Sall à être écroué par cette juridiction spéciale, récemment relancée pour traiter les dossiers de malversations présumées au plus haut sommet de l’État. Deux autres ministres, Sophie Gladima et Moustapha Diop, ont également été incarcérés, tandis que d’autres membres du gouvernement Sall sont sous contrôle judiciaire ou bracelet électronique.
Cette affaire fait suite à un rapport accablant de la Cour des comptes, qui a mis en lumière de nombreuses irrégularités dans la gestion du fonds Covid-19, estimé à 1 000 milliards de francs CFA. Le rapport évoque aussi l’attribution de 17 marchés à trois agences de voyages sans expérience en matériel médical pour un montant total de 15 milliards de francs CFA, ainsi que des achats de gels hydroalcooliques à des prix surévalués.
Les avocats de Mansour Faye contestent fermement les charges. Ils dénoncent une violation des droits de la défense et accusent la justice de partialité. Selon eux, leur client est ciblé uniquement en raison de ses liens familiaux avec Macky Sall. Me El Hadji Amadou Sall, l’un de ses avocats, affirme que Faye n’a jamais participé ni aux appels d’offres, ni aux paiements, accusant les autorités de chercher à atteindre l’ancien président par des voies détournées.
Depuis son arrivée au pouvoir, le nouveau régime sénégalais a lancé une vaste opération de reddition des comptes. Entre septembre 2024 et avril 2025, 262 personnes ont été interpellées dans 292 dossiers, selon les procureurs du Pôle judiciaire financier. Quinze milliards de francs CFA ont déjà été récupérés. Les instructions se poursuivent, et plusieurs anciens ministres pourraient encore être renvoyés en jugement dans les mois à venir.