Russie-USA : négociations dans l’impasse

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Les négociations sont au point mort. Ouvertes en fanfare début mars par un Donald Trump et son équipe enthousiastes et persuadés qu’ils allaient changer le monde et terminer les guerres, la paix s’est écrasée sur le mur de la réalité.

Cet épisode inédit des relations russo-américaines aura tout de même bouleversé l’ordre mondial, tissant entre les deux pays un dialogue inespéré avec une volonté commune de terminer le XXIᵉ siècle et, au passage, de faire sortir l’Europe de l’histoire. Russes et Américains sont allés très loin, jusqu’à envisager la construction d’une « Trump Tower » à Moscou, ce qui, du point de vue du président américain, est la preuve véritable que Poutine et lui étaient en train de réécrire l’histoire.

Mais, lorsqu’il s’est agi de terminer le conflit en Ukraine, la proposition américaine de geler le front, d’abandonner toute prétention territoriale sur la Crimée et le Donbass et de garantir que l’Ukraine n’accèderait jamais à l’OTAN s’est heurtée à une réalité du terrain peu propice. D’abord, Donald Trump, qui est habitué à être au centre du jeu, n’a toujours pas compris que Moscou ne basait pas son action en Ukraine en fonction de lui. Même s’ils ont pris acte avec enthousiasme d’un changement radical d’attitude des Américains envers eux, les Russes, comme les Européens d’ailleurs, continuent d’agir en utilisant le logiciel d’avant. C’est-à-dire que les USA demeurent la principale force d’appui des Ukrainiens contre qui ils se battent depuis trois ans. Trump a certes exercé une pression maximale sur Zelenski pour le contraindre à négocier. Il a certes imposé à tous la nécessité de se placer sur le chemin de la paix, il n’en a pas pour autant retiré du front l’énorme dispositif qui, depuis Wiesbaden en Allemagne, pilote le conflit au côté des Ukrainiens. Ces derniers ne se sont vus privés du renseignement américain que pendant quatre jours au début des négociations, comme une sorte d’avertissement à peu de frais. Or, sans les Américains, tout le monde le sait, la guerre s’arrêterait en quelques semaines, les Européens n’ayant pas les moyens de prendre le relais.

Aujourd’hui, c’est un peu un retour à l’ère Biden en quelque sorte, avec menaces de sanctions et livraison de missiles et d’armement divers à l’Ukraine pour tenter de rétablir sur le front une forme d’équilibre. L’Ukraine donne en effet en ce moment des signes d’une inquiétante fragilité, tant dans sa défense anti-aérienne de plus en plus permissive aux drones et aux missiles russes que sur le terrain où, certains jours, les Russes avancent de plusieurs centaines de kilomètres carrés.

Jusqu’ici, c’est bien la réalité du terrain qui a fait échouer de manière temporaire l’effort de Trump pour parvenir à la paix. Moscou n’a en effet aucun intérêt à arrêter, alors que militairement elle est en train de gagner. Donald Trump a beau menacer la Russie de sanctions, cela ne changera pas grand-chose. Celle-ci sait parfaitement que les sanctions, un peu plus ou un peu moins, ne marchent pas. Il va falloir trouver d’autres arguments pour convaincre Poutine de retourner à la table des négociations.

Volodymyr Zelensky le sait bien. Il y a longtemps que le temps n’est plus l’allié du président ukrainien. S’il ne veut pas risquer un effondrement du front, il doit négocier. Il vient de proposer à cet effet un format de négociation à trois avec Trump et Poutine.

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