« Le président Zelensky est prêt et il sera en Turquie. » C’est par la voix d’Andrei Yermak, le directeur de cabinet de la présidence ukrainienne, que la nouvelle a été confirmée.
Les Russes ont répondu par la voix du porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov : « Le Kremlin annoncera qui représentera la Russie dans les négociations avec l’Ukraine dès que M. Poutine le jugera nécessaire. » Le flou persiste sur les intentions des Russes. La partie ukrainienne entend bien les pousser dans leurs retranchements pour ensuite proclamer que si Vladimir Poutine ne vient pas, il n’a pas de réelle volonté de négocier et ne veut pas l’arrêt de la guerre.
Côté russe, le pédigrée de la délégation qui se rendra à Istanbul indiquera forcément les intentions réelles des Russes. Si le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est présent, cela signifiera que les Russes sont sérieux sur leur volonté de négocier. Si c’est un second couteau, on pourra en douter. En revanche, l’idée d’un cessez-le-feu reste illusoire. Les Russes entendent négocier directement, mais il n’est pas, semble-t-il, dans leurs intentions de cesser les combats. Ils veulent un règlement global du conflit. Leur hantise est qu’une pause dans les combats permette aux Ukrainiens de se réarmer et de contre-attaquer. C’est d’autant plus vrai que leur armée progresse sur le terrain. Ainsi pourquoi arrêteraient-ils maintenant ? C’est là le principal écueil aux négociations de paix voulues par Donald Trump. Pour le moment, rien ne semble les faire bouger de cette ligne. Et en premier lieu, malgré ses efforts, Trump n’y est pas parvenu. Le président américain, actuellement en tournée au Moyen-Orient, a annoncé qu’il pourrait se rendre en Turquie pour peser dans la balance. Le président brésilien Lula, qui doit s’entretenir avec Poutine, a promis de tenter de le convaincre d’aller à Istanbul.
Il est cependant parfaitement imaginable que les négociations démarrent entre Russes et Ukrainiens pendant que la guerre se poursuit. Ce fut le cas pendant des années au Vietnam entre Nord-Vietnamiens et Américains. Le cessez-le-feu n’est alors plus un préambule, mais l’achèvement positif des discussions. Il ne marquera plus le début de la fin de la guerre, mais viendra couronner sa fin tout court. Sur le terrain, l’Ukraine résiste, mais pour combien de temps ? Comme le disait Alexey Arestovitch, l’ancien conseiller de Volodymyr Zelensky : « Aujourd’hui, les Ukrainiens risquent de perdre quatre régions ; dans six mois, ça sera peut-être huit… »