Migrants en Sicile : le bras de fer entre la France et l’Italie

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 Le Geo Barents, un navire sous pavillon norvégien géré par Médecins Sans Frontières (MSF), a accosté dimanche soir dans le port de Catane, avec à son bord des centaines de migrants. Si 357 mineurs et personnes souffrantes ont été autorisées à débarquer sur les côtes siciliennes, 215 hommes majeurs se sont vus refuser l’entrée sur le territoire. Suite à ce refus de la part des autorités, trois migrants se sont jetés à l’eau avant d’être rapidement récupérés, selon MSF. Simultanément, les autorités italiennes ont secouru et débarqué 500 personnes qui avaient été déclarées en perdition par l’ONG Alarm Phone. 
Le ministre de l’Intérieur italien, Matteo Piantedosi a défendu l’exécutif : « Nous nous comportons avec humanité, mais en restant fermes sur nos principes » a-t-il déclaré dans la soirée à Rome. Selon son ministère, ce sont 88.000 personnes en provenance des côtes africaines qui ont foulé le sol italien depuis le début de l’année. La cheffe de l’exécutif, Giorgia Meloni s’est quant à elle engagée à « défendre les frontières » de l’Italie, prônant une politique migratoire ferme. Côté opposition, le sénateur démocrate Antonio Nicita qui s’est rendu sur les bateaux, a affirmé que la « situation était tendue » et a évoqué des cas de gale. 
Un autre navire, sous pavillon allemand, Humanity 1 qui a débarqué 144 personnes dimanche, a vu lui aussi 35 de ses passagers se faire refuser l’entrée. Le capitaine, Joachim Ebeling, défiant le décret du gouvernement italien qui stipulait que le navire n’était autorisé à accoster que le temps nécessaire pour identifier les passagers en « situation d’urgence » a refusé quitter le port. Le capitaine a déclaré aux journalistes : « Je ne vais nulle part avec ces gens à bord ». 
Le ministre de l’Intérieur a estimé que la responsabilité des migrants secourus en mer devait être renvoyée au pays sous le pavillon duquel navigue le bateau. Des recours ont cependant été déposés devant les tribunaux de Rome et de Catane ce lundi, d’après SOS Humanity, l’organisation caritative qui opère le navire Humanity 1. L’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ainsi que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont enjoint dans un communiqué « les gouvernements européens à offrir rapidement un lieu sûr et [à] autoriser le débarquer immédiat de près de 600 personnes restant sur les navires des ONG ». 
Le troisième des quatre bateaux ambulance, le Rise Above, a pu débarquer ses 89 passagers sur les côtes de la Calabre mardi. Le dernier navire à flot, l’Ocean Viking de l’ONG SOS Méditerranée n’a néanmoins pas été autorisé à accoster en Italie et navigue toujours avec 234 migrants à son bord. Mardi soir, les services de la première ministre italienne Giorgia Meloni ont fait savoir que l’Italie remerciait la France d’avoir accepté d’accueillir l’Ocean Viking. Une affirmation démentie dans la foulée par Paris qui a dénoncé le « comportement inacceptable » du pays, selon une source gouvernementale à l’AFP. Interrogé par Radio France mercredi, Olivier Véran, a affirmé que le bateau Ocean Viking se trouvait actuellement dans les eaux territoriales italiennes. Le porte-parole du gouvernement a mentionné les « règles européennes extrêmement claires » en la matière et dans le cadre desquelles l’Italie perçoit des fonds. Il a rappelé que le bateau Ocean Viking avait ainsi « vocation à être accueilli en Italie » et a appelé le pays à « jouer son rôle ». 
Le président du Conseil exécutif de la collectivité de Corse, Gilles Simeoni, s’est déclaré prêt « à accueillir temporairement l’Ocean Viking dans l’un de ses ports » afin d’apporter une solution provisoire face au bras de fer diplomatique entre l’Italie et la France. Si Gilles Simeoni a déclaré que le maire de Bastia préparait déjà l’accueil du navire, il a assuré ne pas avoir été contacté par l’exécutif. Benoît Payan, le maire de Marseille, qui s’est exprimé ce mercredi au micro de France Bleue Provence, à quant à lui affirmé avoir « interpellé le gouvernement français » pour lui demander d’accueillir le navire. L’édile de Marseille a fait savoir que sa ville était en capacité de faire accoster l’Ocean Viking dans son port. Benoît Payan a cependant soumis l’accueil du navire à l’aval du gouvernement : « Cette décision appartient à la France » a-t-il précisé. 

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