Gilles Bourdouleix, maire de Cholet (Maine-et-Loire) et ancien président du Centre National des Indépendants et Paysans (CNIP), ne décolère pas : de jeunes émeutiers ont saccagé la propriété qu’il habitait depuis 25 ans. Pas de doutes, selon-lui, c’est bien sa résidence qui était visée. Cette ancienne ville ouvrière de 55 000 habitants, située à quelques kilomètres de la Vendée, n’était pas jusque-là connue pour l’expression de violences sociales. L’élu connu pour son franc-parler et qui a siégé au Palais-Bourbon de 2002 à 2017, a appelé les pouvoirs publics à la plus grande fermeté, se refusant sur les ondes de France Info à trouver la moindre excuse aux émeutiers.
Deux France que tout oppose
À Montargis, les habitants sont encore sous le choc. La capitale du Gâtinais ne dépasse pas les 15 000 habitants mais les émeutes y ont été particulièrement violentes. Une pharmacie du centre-ville a été incendiée et seules des ruines fumantes témoignent encore de sa défunte existence. Pour l’avocat Alexandre Cuignache, ancien conseiller régional du Centre-Val de Loire et responsable local du parti Reconquête, cela n’a rien de surprenant : « Cela fait plusieurs années que l’on note une hausse de l’insécurité en relation avec l’implantation de populations d’origine immigrée. Montargis a été un des hauts lieux de la mobilisation des gilets jaunes. On assiste cette fois-ci à un autre type de mobilisation : l’émeute. Cela montre l’existence très claire de deux France très différentes sur un même territoire. »
Département rural par excellence, l’Orne avait subi il y a quelques mois une poussée de violences urbaines à Alençon. La préfecture de 25 000 habitants a été à nouveau l’objet d’incidents notables, tout comme les petites villes de Flers, L’Aigle et Argentan, du moins si l’on en croit le journal local, L’Orne combattante. Toujours en Normandie, mais dans le département de l’Eure cette fois, dominée par son château Renaissance, Gaillon compte moins de 7 000 habitants mais la petite ville n’a pas échappé aux violences urbaines. Selon le conseiller municipal d’opposition Édouard Varin (LR) : « Les habitants ont dû se débrouiller par eux-mêmes pour éteindre les incendies et repousser les « jeunes, » car même en suppliant les gendarmes d’intervenir, ceux-ci sont restés à 500 mètres de la scène, visiblement sur ordre préfectoral. » De quoi nourrir une réelle incompréhension dans la population !
À l’épreuve de l’immigration
En deux décennies, la France périphérique, celle, si bien décrite par le géographe Christophe Guilluy, a été rattrapée par les violences urbaines autrefois cantonnées aux banlieues des grandes métropoles. À défaut d’aménagement du territoire digne de ce nom, les ferments de désunion nationale se sont répandus dans les campagnes, trop souvent oubliées par l’État si prompt à investir des milliards d’euros dans la « politique de la ville ». De l’avis des observateurs avisés, la France rurale doit faire face à une situation inquiétante dans laquelle la politique migratoire très critiquable des gouvernements joue évidemment un rôle important ; de quoi nourrir l’inquiétude des habitants de ces territoires face aux annonces d’ouverture de centres d’accueil de migrants dans les petites communes.