Deal américain sur les minerais ukrainiens : quel impact sur la guerre

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Il a failli ne jamais se réaliser. On l’a parfois qualifié de « partenariat » entre les États-Unis et l’Ukraine.

Volodymyr Zelensky disait à son propos : « L’Ukraine n’est pas à vendre ! ». Donald Trump, lui, a toujours considéré que cet accord correspondait à un retour sur investissement, une dette de l’aide offerte à l’Ukraine par les Américains, y compris par son prédécesseur. Trump estimait que l’Ukraine devait à son pays 500 milliards de dollars, et donc que ces fameuses « terres rares » feraient l’affaire pour le dédommager. En réalité, l’aide américaine à l’Ukraine depuis le début de la guerre dépassait à peine un quart de cette somme. Certains observateurs n’hésitaient donc pas à qualifier cette mise en coupe réglée par l’industrie américaine des matières premières ukrainiennes comme du « racket organisé »…

Le deal a beaucoup évolué. Les discussions furent âpres. L’Ukraine a mis pas mal d’eau dans son vin. Son président, en acceptant le deal, fait montre de sa bonne volonté vis-à-vis des Américains. Il a pu expérimenter lui-même lors d’un face-à-face historique à la Maison Blanche tout le mépris que Donald Trump avait pour lui. Préférant la prudence, mais a-t-il le choix, Zelensky a changé d’attitude. Les Ukrainiens se sont dit qu’accepter ce deal était aussi une manière de replacer les États-Unis du côté ukrainien, après les nombreuses marques d’affection et volonté de travailler ensemble faites aux Russes par Trump ces derniers temps. De façon réaliste, ils savent aussi que les Européens, qui leur restent fidèles, n’ont aucunement les moyens de remplacer les Américains si ceux-ci étaient amenés à partir irrévocablement. D’un point de vue plus pragmatique, ils ont su convaincre Trump que ce deal était bénéfique pour lui et qu’il en retirerait beaucoup.

Trump-Poutine

Ainsi, Donald Trump peut déclarer qu’il avance vers la paix par la prospérité, que les États-Unis n’ont pas investi dans ce conflit à perte et qu’il ne laisse absolument pas tomber l’Ukraine, tout en se rapprochant de la Russie. Il va pouvoir déclarer à ses partisans : « Nous avons récupéré notre argent », ce qui était une de ses promesses de campagne. Il peut aussi dire que les critiques qui l’accusent d’être un pion dans la main de Poutine sont erronées et qu’il reste un habile négociateur. Dans la tête de Trump, ce point est très important.

Il reste qu’on se demande où se trouvent les garanties de sécurité que l’Ukraine réclame comme préambule aux négociations de paix. Elles ne figurent nulle part dans l’accord même si celui-ci peut servir de base à une forme de « garanties de sécurité ». Cela ne signifie absolument pas que l’Ukraine pourra rejoindre l’OTAN. Cela ne signifie certainement pas non plus que des troupes européennes de maintien de la paix seront autorisées à mettre les pieds en Ukraine. Cela pourrait tout de même signifier que les Américains pourraient fournir aux Ukrainiens des défenses anti-aériennes. Trump vient de donner son accord pour la livraison de nouvelles armes.

Mais, ce qui est certain, c’est que l’accord autorise la présence de personnel américain pour le forage des terres rares sur le sol ukrainien, ce qui pourrait dissuader les Russes de mener dans l’avenir une nouvelle offensive contre Kiev. Les Européens ont déjà critiqué ce point en affirmant que la présence d’Américains dans ce cadre ne représentait aucune garantie contre une future agression de la part de la Russie et qu’il est impératif que l’Ukraine dispose d’un engagement solide de la part de ses alliés. Du côté du Kremlin, le deal n’est en aucun cas une avancée vers la paix. Moscou continue d’affirmer que tant que les racines de ce conflit se seront pas traitées, la question de l’OTAN et la démilitarisation de l’Ukraine en premier, les combats continueront…

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