A la veille de la Seconde Guerre mondiale, l’écrivain Blaise Cendrars avait trouvé refuge dans les Ardennes. Une des voix littéraires les plus singulières de notre temps, François Sureau, a retrouvé sa piste effacée.
Jérôme Besnard
4 janvier 2023 à 09:05
Partager via
La lecture des articles est réservée aux abonnés
Les Ardennes sont une terre propice aux écrivains. Pas même besoin d’évoquer l’œuvre du poète Arthur Rimbaud. Il suffit de se replonger dans les pages d’Un balcon en forêt de Julien Gracq, du Pays où l’on n’arrive jamais d’André Dhôtel ou de La pluie à Rethel de Jean-Claude Pirotte. Avec Un an dans la forêt, François Sureau se souvient que Blaise Cendrars (1887-1961) y chercha l’inspiration à la veille de la Seconde Guerre mondiale auprès d’une belle amazone, riche héritière de surcroît, Élisabeth Prévost. A 27 ans, elle a déjà sillonné l’Afrique et traversé l’Europe.
Amazone ardennaise
Ancien légionnaire devenu journaliste, mutilé de guerre, Cendrars l’a rencontré le 7 février 1938 à Paris, à l’Alma Hôtel, où il vit avenue Montaigne, grâce à l’entremise de Pierre Pucheu, alors membre du PPF de Doriot et futur ministre de l’Intérieur du gouvernement de Vichy. Cendrars est alors « un homme malheureux et incertain » qui « a pris tant de chemins qui ne mènent nulle part ». Il acceptera de prendre celui de la propriété familiale forestière d’Élisabeth dans les Ardennes, située à proximité immédiate de la frontière belge. C’est là, au milieu de cette forêt qui n’en finit pas,que l’auteur de L’Or et de Moravagine tente de progresser dans l’écriture de Sous le signe de François Villon, un livre de souvenirs qui ne paraîtra jamais sous sa forme initiale.
Christianisme errant
François Sureau a découvert la forêt d’Ardenne en 1978 lors de son service militaire au 12e régiment de chasseurs de Sedan. D’emblée son aspect massif l’a subjugué : « cette forêt, on ne l’aborde pas à la dérobée, mais de face. C’est une immense ligne sombre couronnant une colline, fuyant vers l’horizon, et au pied de laquelle les villages en contrebas ressemblent à la terre que le navigateur perd des yeux ». Chez Blaise Cendrars, il ausculte et soupèse les souffrances d’un bourlingueur qui « aime dans le christianisme la pauvreté, l’errance, et la subversion permanente, sourde, absolue, de toutes les …
Jérôme Besnard
Soutenez un média 100% indépendant
Pour découvrir la suite, souscrivez à notre offre de pré-abonnement
Participez à l'essor d'un média 100% indépendant
Accédez à tous nos contenus sur le site, l'application mobile et la plateforme vidéo
Profitez de décryptages exclusifs, d'analyses rigoureuses et d'investigations étayées
Soyez le premier à ajouter un commentaire