Économie

Les poulets ukrainiens menacent l’élevage avicole français

Quoi de commun entre un poulet de Bresse ou de Loué, élevé en plein air par des agriculteurs français, et la production industrielle du roi du poulet ukrainien, Yuriy Kosiuk, propriétaire du groupe MHP dont la fortune est estimée à 1,5 milliard de dollars selon le magazine Forbes ? Pas grand-chose a priori. Sauf que les uns et les autres peuvent être consommés en France en raison de la doctrine libre-échangiste de l’Union européenne.

Or, leur qualité et leur coût de production sont évidemment bien différents. Ainsi donc, « le roi du poulet ukrainien fait trembler le coq gaulois », comme titrait le quotidien Ouest-France fin juillet.
L’affaire est bien résumée dans l’hebdomadaire Marianne par le critique gastronomique Périco Légasse (également élu régional sur une liste LREM-Modem) : « En exonérant de droits de douane les importations de gallinacés industriels en provenance d’Ukraine, Bruxelles porte un préjudice fatal à une filière avicole en difficulté, tandis que Paris refuse d’activer la clause de sauvegarde. » Cette dernière permet à un pays de l’UE d’estimer que l’importation d’un produit en provenance d’un État extérieur à l’Union risque de causer de graves préjudices à sa production nationale.
 
Cette situation s’inscrit dans un contexte général de hausse d’importation de poulets de 11,4 % en 2023, pour atteindre 755 000 tonnes, selon la fédération des producteurs. Il faut dire que la consommation de poulet a atteint 1,53 million de tonnes en France l’an dernier, soit une hausse de 4,7 %.
 

Poulet ukrainien, tout a changé avec la guerre


Cela s’explique par son prix plus accessible, alors que l’inflation se poursuit, et par la progression du recours aux offres de restauration rapide dans notre pays. Notons au passage que des œufs sont aussi importés d’Ukraine.
 
L’accord des autorités de Bruxelles avec l’Ukraine date de 2014, mais ne concernait à l’époque qu’environ 40 000 tonnes annuelles de produits avicoles. Tout a changé avec l’invasion du territoire ukrainien par la Russie : les importations ont donc bondi de 180 % entre 2021 et 2022, soit de 15 à 25 000 tonnes entrant dans l’UE chaque mois, comme l’a expliqué le directeur de l’interprofession française de volaille de Cher (Anvol) à nos confrères du magazine Capital
 
Certains hommes politiques français n’ont pas manqué de s’indigner de cette situation. Pour Alexandre Loubet, député Rassemblement national de Moselle : « La guerre en Ukraine ne doit pas être le prétexte pour sacrifier les éleveurs français ! En exonérant de droits de douane les importations de volaille industrielle d’Ukraine, l’UE menace nos intérêts ». Il est vrai que cette situation est devenue très problématique et qu’il serait bon d’y mettre fin pour de claires raisons de souveraineté alimentaire, mais probablement aussi de santé publique. L’avenir de notre agriculture mérite un sursaut du gouvernement français.

Jérôme Besnard

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Commentaires

BERNADETTE BIARD

Il y a 2 semaines

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Il suffit de ne pas les acheter.....

Yann MORELLEC

Il y a 3 semaines

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Macron ne veut pas déplaire à son pote pro-américain Zelenski

Patrick Jobart

Il y a 3 semaines

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En quoi ces mesures sont-elles favorables au peuple ukrainien? C'est Yuriy Kosiuk qui s'en met plein les poches, qu'il a déjà pleines.

Paola Agrati

Il y a 3 semaines

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Je ne suis pas là pour financer la guerre de 🇺🇦, moi je mange les poulets de Bresse

philippe paternot

Il y a 3 semaines

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15 millions de tonnes de poulets importés!!! merci la france de préférer l'étranger aux nationaux, c'est beau c'est grand c'est généreux la france disait de gaulle

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