Politique

Le pantouflage des anciens ministres

À seulement 37 ans, Amélie de Montchalin n’allait pas se retirer de la fonction publique. Ce mercredi 23 novembre, le compte rendu du conseil des ministres a ainsi entériné son « recasage », selon l’expression consacrée, en tant que « ambassadrice, représentante permanente de la France » auprès de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques). Cette organisation produit de réguliers rapports et études auprès d’une trentaine de pays, particulièrement sur les questions économiques. Dépendante du Quai d’Orsay, Amélie de Montchalin sera donc chargée d’y être la voix de l’Hexagone. Elle remplace d’ailleurs l’ancienne ministre du Travail Muriel Pénicaud. Une niche à anciens ministres, donc.  
Ce poste, en plus de son prestige, a l’avantage considérable de rapporter plus de 13 000 euros nets. Une opération de « pantouflage », qui n’est pas anodine, pour l’ancienne ministre de la Fonction Publique, alors même que ses propres réformes devaient les remettre en cause ! Par ailleurs, alors qu’Amélie de Montchalin s’était, par le passé, engagée pour la suppression de la diplomatie traditionnelle, la voilà qui occupe l’un de ces postes. Dans les colonnes du Monde, un syndicat déplore ainsi « la perpétuation d’une forme de rente ».  
 
Un grain de sable dans le désert 
Si le terme de « rente » est évoqué, ce n’est certainement pas par hasard. Dans ce que d’aucuns nomment la « macronie », ce genre d’opération est monnaie courante. On pourrait citer par exemple Muriel Pénicaud, qui cède sa place. Elle rejoint ainsi le conseil d’administration de Manpower, une entreprise d’intérim.  
Mais ce n’est pas tout. Lors du conseil des ministres, la nomination de l’ancien Premier Ministre Jean Castex à la tête de la RATP a été entérinée. La HATVP (Haute Autorité de Transparence de la Vie Publique) a cependant émis des réserves qui peuvent paraître illusoires : il n’aura pas le droit d’entrer en contact avec des membres du gouvernement ou de son cabinet. Il devra travailler main dans la main avec Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France.  
On pourrait également évoquer d’autres opérations de « recasage », comme celle de l’ancien ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, largement critiqué pour sa gestion de la crise des Gilets Jaunes. Celui-ci est désormais membre du conseil de surveillance de Marseille, et président du conseil d’administration de la société gérant le tunnel du Mont-Blanc. L’ex-ministre de la Santé et candidate malheureuse à la mairie de Paris Agnès Buzyn avait, quant à elle, été nommée « envoyée du directeur général pour les affaires multilatérales » à l’OMS, puis conseillère maître à la Cour des Comptes.  
Une autre affaire révélée par l’ONG Bloom a aussi fait polémique, concernant la reconversion « express » d’Anne-France Mattlet, passée de négociatrice des accords de pêche pour la France dans l’Océan Indien à lobbyiste pro-pêche, en seulement trois mois.  

Alexandre de Galzain

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Commentaires

Olivier SEGAS

Il y a 1 ans

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Je commence vraiment à en avoir assez de tous ces recasages ministériels ! De quel droit le président se permet-il de caser sa "progéniture gouvernementale" quand il ne peut plus les garder au gouvernement !

Arno Gôtz

Il y a 1 ans

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Leurs salaires sont votés par le peuple ?

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