Général de brigade et historien, Jean-Marc Marill a commandé le 21e RIMA. Il est ensuite devenu attaché de défense au Tchad, puis a rejoint le bureau Afrique de la Direction militaire du renseignement, dont il a été le directeur opérations adjoint. Ancien directeur du Centre historique des Archives de la Défense à Vincennes, il a notamment codirigé le Dictionnaire des opérations extérieures de l’armée française de 1963 à nos jours (éd. du Nouveau Monde) et rédigé une Histoire des guerres révolutionnaires et impériales, 1789-1815 (éd. du Nouveau Monde). Son entretien est aussi à retrouver dans notre premier magazine, « Ukraine, la vérité qui dérange », disponible sur notre site internet, boutique.omertamedia.fr.
Charles d'Anjou
22 août 2024 à 15:15
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CHARLES D’ANJOU :
Mon général, nous sommes un an après le déclenchement de l’opération spéciale lancée par Vladimir Poutine en Ukraine. Est-ce que vous pourriez nous expliquer en quoi cette guerre est à la fois classique et à la fois jamais vue ?
JEAN-MARC MARILL :
Cette guerre est très intéressante pour un militaire et pour un officier général parce qu’elle montre des caractéristiques nouvelles : la première de ces caractéristiques, c’est l’importance du numérique dans le champ de bataille, non seulement sophistiqué tel que les armées peuvent en posséder, mais aussi le fait que le numérique civil est rentré dans le commun des combats et ce qui fait que le combat devient maintenant quelque chose urbi et orbi où la présence du danger est immédiate et constante. Les observateurs adverses peuvent désormais déceler vos mouvements. Et ces mouvements étant décelés, cela vous fige. Vous êtes obligé de vous poster, de vous enterrer : il y a les drones et les applications civiles qui ont été militarisées par les Ukrainiens. Ces nouveaux outils ont des conséquences tactiques très lourdes sur le terrain : le front est figé, avec des complexités de combat, des complexités de logistique. Et l’antithèse de tout ça, c’est que, face à cette haute technologie, on en revient à une guerre de masse et en particulier de fantassins. Qu’est-ce qu’il y a de plus fluide et discret que le fantassin ? Cette haute technologie ramène le soldat à un combat qui finalement se rapproche de celui de 14-18.
Dans cette guerre, on voit l’apparition de sociétés militaires privées. Quel regard portez-vous sur ce recours à des forces privées paramilitaires dans un conflit, finalement, on vient de le dire, qui est somme toute assez classique et conventionnel ?
Oui, c’est une chose qui m’a un peu surpris. Que l’on emploie des unités privées à l’extérieur pour être le bras armé mais non déclaré d’un État, c’est assez compréhensible ; qu’elles soient engagées en masse comme elles l’ont été dans cette guerre …
Charles d'Anjou
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