Affaire McKinsey : « Qu’ils aillent au pénal ! », et ils y sont allés…

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Résumons l’affaire. En mars dernier, la commission d’enquête du Sénat, dirigée par une communiste et un LR, rapporte le montant astronomique des commandes de l’État aux cabinets de conseil. Le montant total des prestations, sur l’année 2021, est estimé à plus d’un milliard d’euros, soit le double de 2018. À OMERTA, la sénatrice Valérie Boyer (LR), membre de la commission, ajoute d’ailleurs que « le montant faramineux des prestations découvertes par le Sénat n’est qu’une petite partie de l’iceberg ! ». Une somme vertigineuse, mais incomplète, donc. Ce rapport est appuyé quelques mois plus tard par une proposition de loi visant à encadrer les cabinets de conseil, votée au Sénat. Elle y interdit les prestations gratuites, la conservation de données étatiques par des agents privés et encadre les tarifs. 

 

Une utilisation très controversée 

Certains contrats font particulièrement jaser. Un rapport pour la DGE (Direction Générale des Entreprises), commandé à l’INOP’S coûtera près de 400 000 euros pour un travail « d’une qualité irrecevable » selon l’organe chargé d’évaluer leur qualité, la DITP. Un autre, commandé à EY pour le ministère de la Culture, préconisera de « voter sur des propositions avec des gommettes de couleur », des ateliers de Lego ou des jeux de rôle pour les fonctionnaires. Encore plus parlant, un logiciel chargé de traquer les piscines non déclarées, demandé à Capgemini. 40 millions d’euros (le double du prix initial) pour un taux d’erreur très élevé, dépassant les 30% dans certains départements. S’ils ne sont pas représentatifs de l’ensemble des rapports, ils sont cependant loin d’être anecdotiques. 

Immédiatement, les oppositions s’emparent plus ou moins virulemment du sujet. À LFI, au PCF, au RN ou à Reconquête !, il n’y a aucun compromis possible : l’affaire est un scandale total, qui éclabousse La République en Marche, et plus particulièrement Emmanuel Macron. Ce dernier, agacé par la polémique lance un prophétique : « Qu’ils aillent au pénal ! ». Huit mois plus tard, c’est chose faite. Les cabinets de conseil ne seront finalement pas un « Pénélopegate », mais ils ont marqué tous les esprits. 

Et parmi ces cabinets de conseil, on retrouve notamment McKinsey. 

Celui-ci cumule les polémiques. Il est celui auquel les plus importants contrats ont été accordés, ne paie pas ses impôts en France, et a fait travailler pro bono (gratuitement) une vingtaine de collaborateurs durant la campagne d’Emmanuel Macron en 2017, pour En Marche !. Ce dernier point est d’ailleurs d’autant plus surprenant au regard du prix d’un consultant chez McKinsey : jusqu’à 3 500 euros par journée ! Deux fois le salaire mensuel médian d’un Français. 

 

L’affaire politique devient judiciaire 

 

C’est justement sur ce dernier point que le Parquet National Financier (PNF) a tiqué. La première enquête visant directement le Président de la République, révélée par Le Parisien, l’attaque pour « favoritisme » et « financement illégal de campagne électorale ». Concrètement, l’instance cherche à savoir s’il y a un lien entre ces consultants gratuits, et les énormes contrats empochés par le cabinet de conseil américain. Il reste cependant entendu qu’Emmanuel Macron ne pourra ni être entendu, ni condamné durant la période de son mandat, étant donné qu’il bénéficie de l’immunité présidentielle. Toujours selon nos confrères du Parisien, Serge Tournaire, 56 ans, qui avait dirigé les affaires Fillon et Bygmalion, serait l’un des meneurs de l’enquête. 

Dès le printemps dernier, le PNF avait commencé à enquêter sur un éventuel « blanchiment aggravé de fraude fiscale », partiellement lié au fait que, malgré ses 329 millions de chiffres d’affaires en France, McKinsey n’y a payé aucun impôt entre 2011 et 2020. 

La première information judiciaire porte sur une possible « tenue non-conforme des comptes de campagne », soit le même chef d’accusation que celui de l’affaire Bygmalion, impliquant Nicolas Sarkozy. La seconde porte sur des soupçons de favoritisme sur des contrats préférentiels accordés à McKinsey, et le passage de certains salariés au sein du parti En Marche !. D’autres ont travaillé dans des cabinets ministériels, ou au sein du parti LR. À la tête de la commission qui a révélé l’affaire, le parti de droite ne souhaite ainsi pas supprimer les cabinets de conseil, mais les encadrer. 

L’Élysée n’a pas encore commenté ce nouveau rebondissement de l’affaire. Cependant, un proche du Président de la République a déclaré être « très serein » à nos confrères du Figaro

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