Un million d’euros : les valises de cash des eurodéputés socialistes corrompus

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 À seulement 44 ans, Eva Kaili avait gravi les échelons quatre à quatre. Conseillère municipale à 20 ans, présentatrice sur une grande chaîne de télévision à 26 ans, députée à 29 ans, députée européenne à 36 ans et enfin vice-présidente du Parlement à 43 ans, elle semble être la preuve que la Roche Tarpéienne est proche du Capitole. En effet, elle est aujourd’hui en détention provisoire pour soupçons de corruption : des centaines de milliers d’euros que lui aurait versés le Qatar, pour des prises de position favorables. Entre autres, cette phrase prononcée devant l’hémicycle le 21 novembre dernier : « Le Qatar est un leader en matière de droits du travail ». La vice-présidente a d’ailleurs été prise en flagrant délit, avec, chez elle, des liasses de billets. Le poste de la parlementaire était d’ailleurs idéal : elle représentait l’Union Européenne au Moyen-Orient. Un heureux hasard ? L’enquête préliminaire ne le révèle pas encore. 

Mais si son nom est le plus illustre, Eva Kaili est loin d’être la seule mise en cause. Parmi les suspects de cette « organisation criminelle présumée », il y a son père -qui était chargé de transporter l’argent, et son compagnon Francesco Giorgi, assistant parlementaire. L’ancien eurodéputé Pier Antonio Panzeri est également du nombre : ancien président de la sous-commission des droits de l’Homme du Parlement Européen et directeur de l’ONG belge « Fight Impunity ». On comprend sans mal l’intérêt du personnage alors que le Qatar est accusé d’avoir laissé mourir plus de 7 000 travailleurs sur les chantiers des stades de la Coupe du Monde qu’il organise. Le nom de Niccolo Figa-Talamanca a également été avancé, directeur de l’ONG « No Peace Without Justice », elle aussi active sur le sujet des droits de l’Homme. Luca Visentini, poète communiste, aurait, lui aussi, été mis en examen. 

Le dernier membre de ce quarteron se nomme Marc Tarabella. Député européen socialiste belge, c’est aussi chez lui que l’argent a été perquisitionné. Élu depuis plus de trois décennies, il a notamment occupé le poste de ministre en Wallonie durant deux ans, avant de se faire élire au Parlement européen, où il est siège depuis 2009. Fait étonnant : il sera parmi les premiers à critiquer l’attribution de l’organisation de la Coupe du Monde au Qatar. Mais lui aussi, cachait plus d’un demi-million d’euros chez lui. 

La maltaise Roberta Metsola, présidente actuelle du Parlement Européen, a immédiatement pris des mesures. Conservatrice, elle n’a pas hésité à suspendre les mis en cause, tous socialistes. La corruption était déjà présente dans certains esprits qui avaient trouvé suspecte l’absence de détermination à condamner le Qatar de la part d’un certain nombre d’eurodéputés. Le parti le plus indulgent avec l’émirat a été le S&D, l’alliance de sociaux-démocrates. Mais pour l’eurodéputée Manon Aubry, c’est du côté de la droite qu’il faudra fouiner : elle aurait sensiblement voté de la même façon que la gauche. Pourtant, les seuls mis en cause sont des socialistes. 

Ursula von der Leyen, a qualifié les soupçons de « très graves », et cette affaire d’ « extrêmement préoccupante ». Le président hongrois Viktor Orban a de son côté ironisé quant aux accusations de « pays corrompu » qui pèsent parfois sur la Hongrie. 

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