Le président congolais Félix Tshisekedi a dévoilé dans la nuit du 7 au 8 août un nouveau gouvernement, marqué par l’entrée de deux figures de l’opposition modérée. Malgré l’annonce d’un remaniement resserré, le nombre de ministres reste inchangé, à 53. Cette nouvelle équipe reste dirigée par Judith Suminwa, première femme à occuper le poste de Premier ministre en République démocratique du Congo.
Adolphe Muzito, ancien Premier ministre sous Joseph Kabila, fait un retour inattendu dans l’arène politique en prenant le poste de vice-Premier ministre chargé du Budget, un portefeuille qu’il connaît bien. Ce choix confirme la volonté du chef de l’État de s’appuyer sur des profils technocratiques pour gérer les finances publiques dans un contexte de crise sécuritaire à l’est du pays. Autre ralliement notable : Floribert Anzuluni, ancien militant du mouvement citoyen Filimbi et candidat malheureux à la présidentielle de 2023, nommé ministre de l’Intégration régionale.
Outre ces deux ouvertures, le gouvernement conserve une forte continuité. Trois quarts des ministres sont reconduits, dont Doudou Fwamba aux Finances, Thérèse Kayikwamba aux Affaires étrangères et Patrick Muyaya à la Communication. Jean-Pierre Bemba, Jacquemain Shabani et Guy Kabongo conservent respectivement les Transports, l’Intérieur et la Défense.
Certaines permutations sont à noter, comme Eve Bazaiba qui quitte l’Environnement pour les Affaires sociales, ou Aimé Boji qui prend l’Industrie. Le retour en force de figures expérimentées est vu comme une tentative d’apaisement face aux tensions internes du pays, alors que les provinces de l’Est sont sous la pression croissante du M23 et des forces rwandaises, qui ont conquis plusieurs grandes villes en début d’année.
Ce remaniement survient après des mois d’attente, alimentée par des consultations politiques menées au premier semestre. Réélu en décembre avec plus de 73 % des voix et une majorité écrasante à l’Assemblée nationale, Tshisekedi tente de donner une nouvelle dynamique à son mandat, sans pour autant bouleverser l’équilibre des forces. Reste à savoir si cette ouverture timide suffira à calmer les tensions et à reprendre le contrôle de l’est du pays, toujours plongé dans la guerre et le chaos depuis trois décennies.