[TRIBUNE] L’excision : le drame des femmes qu’on ne veut pas voir

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125 000. En France, en 2023, le nombre de femmes victimes d’excisions se chiffre à 125 000. Deux fois plus qu’en 2009. Qui aurait pu croire que le pays des droits de l’Homme serait le théâtre d’une pareille tragédie humaine. À l’heure où tout se sait, où tout se communique, pourquoi la société semble-t-elle ignorante du drame de ces milliers de filles et de femmes qui vivent, peut-être, dans l’appartement d’à côté, dans la maison d’en face, dans le quartier voisin. 

L’excision, l’ablation des lèvres, l’infibulation, le rétrécissement de l’orifice vaginal, et la clitoridectomie, l’ablation du clitoris, sont les mutilations sexuelles répertoriées par l’ONU. Ces mutilations, aussi horribles puissent-elles paraître, existent pourtant bel et bien dans notre pays. Principalement apparues dans la société française avec les flux migratoires en provenance d’Afrique, ces mutilations sexuelles sont souvent exécutées dans un contexte sanitaire déplorable. Depuis quelques années, et pour contourner la loi, on observe qu’une partie de ces atrocités ne sont pas commises sur le territoire mais à l’étranger, lors des périodes de vacances. L’excision, c’est la négation la plus barbare de la liberté des femmes à disposer d’elles-mêmes, le symbole ultime de la possession de la femme par l’homme. Ces violences envers les femmes renvoient à des codes sociétaux qui ne sont pas et ne seront jamais les nôtres. L’excision c’est la soumission de la femme. C’est le contraire de la République qui sacralise l’égalité des sexes. Ce combat pour l’égalité, il est le fruit de notre histoire française, mais aussi de l’histoire des Françaises qui y ont dédié leur vie. Nous sommes français et nous ne serions pas ce que nous sommes sans Simone Veil, sans Gisèle Halimi, sans Simone de Beauvoir. Nous sommes français, nous sommes les héritiers d’un vieux pays et nous portons en nous l’héritage de cette histoire. Ceux qui veulent soumettre les femmes n’ont rien à faire en France. L’excision, c’est une atteinte à la dignité, ceux qui veulent la pratiquer sur leurs enfants, leurs petits-enfants ou leurs nièces ne sont pas les bienvenus sur le territoire de la République française. Cette fermeté n’est ni une conviction, ni une position politique : c’est un sentiment qui devrait tous nous animer. Une vérité probablement trop difficile à admettre pour l’intelligentsia de gauche qui, dans un grand écart entre déconstruction et victimisation permanente, priorise les modes wokistes aux drames du quotidien. Le scandale des mutilations sexuelles, c’est celui de l’invisibilisation des violences perpétrées par un groupe d’individus répondant à des codes sociaux venus d’un autre temps et d’une autre civilisation. La dénonciation de l’une des pires atrocités humaines sacrifiée sur l’hôtel du politiquement correct. Où sont les médias pour dénoncer ? Où sont les élus pour agir ? 

Plus encore que l’absence de traitement médiatique, c’est à nos responsables politiques de se montrer à la hauteur de l’enjeu. Le 14 janvier 2007, Nicolas Sarkozy évoque le sujet dans son discours d’investiture lors du congrès de l’UMP. Il est un pionnier, le premier responsable politique à briser le tabou. Et depuis ? Plus grand-chose. Un « Plan National d’action visant à éradiquer les mutilations féminines », dont les dispositions pratiques sont louables mais insuffisantes, est lancé le 19 juin 2019 par Marlène Schiappa, alors Secrétaire d’État à l’égalité entre femmes et hommes et à la lutte contre les discriminations. En 2021, deux propositions de lois sont déposées : une par les députés Les Républicains et une par la sénatrice Valérie Boyer. Aucune n’a été examinée en séance. Et la gauche dans tout ça ? Le tabou autour de l’excision, c’est le point de rupture, le croisement révélateur entre les idéologues faussement convaincus et les défenseurs de l’émancipation de la femme. Sur ce sujet, la NUPES tendance hypocrite est aux abonnés absents. Pourquoi donc ? La réponse est simple : au pays des contradictions, la gauche française, perdue entre câlinothérapie des minorités et défense des femmes, ne sait plus à quel saint se vouer. N’en découle que le silence pour seul arbitrage.

Pour autant, la seule indignation ne fera pas figure de réponse. Face à l’excision, face aux mutilations sexuelles, nous combattons un mal informe dont les solutions ne peuvent être ni palpables, ni immédiates. Plus que des paroles creuses, il faut des actes forts. Pour mieux lutter, il nous faut renforcer notre arsenal juridique en faisant passer de 5 à 10 ans la peine maximale encourue pour le chef d’accusation de mutilations sexuelles. L’État, garant de l’intégrité de chacun, doit s’astreindre à remettre chaque année au Parlement un rapport sur les mutilations sexuelles féminines pour suivre et ajuster les dispositifs mis en place. De plus, à intervalles réguliers, une visite médicale destinée à constater d’éventuelles mutilations sexuelles devra être réalisée par les jeunes filles avec l’obligation, pour les professionnels désignés, d’effectuer un signalement au procureur de la République si des suspicions ou des preuves de mutilations sexuelles sont constatées. 

En ce 8 mars 2023, une seule conclusion s’impose à nous : les droits des femmes ne sont plus la chasse gardée politique de quelques-uns, mais l’affaire de tous. Se battre contre les mutilations sexuelles, ce n’est pas un combat politique. C’est un combat moral. Se battre contre les mutilations sexuelles, c’est se battre pour les droits des femmes. En ce 8 mars 2023, plus que jamais, le statu quo n’est plus une option. Trop longtemps, la société a regardé ailleurs, a fermé les yeux. Le temps du silence est révolu. 

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