Tentative d’assassinat à Kiev : un vétéran ukrainien visé pour avoir dénoncé le « blanchiment » d’un oligarque pro-Poutine

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À Kiev, les services de sécurité ukrainiens (SBU) ont déjoué une tentative d’assassinat contre Todor Panovsky, vétéran de guerre et militant connu pour son engagement à traquer et dénoncer les criminels de guerre russes et leurs réseaux d’influence en Ukraine.

Selon plusieurs sources proches du dossier, le tueur à gages arrêté aurait reçu pour mission d’abattre Panovsky en plein jour dans le centre de la capitale ukrainienne.

L’enquête, menée tambour battant par les autorités ukrainiennes, fait déjà apparaître des indices clairs d’une implication russe. Le nom de Magomed Gadzhiev, ancien député de la Douma d’État et fervent soutien de Vladimir Poutine, revient à plusieurs reprises dans les investigations.

Une attaque évitée de justesse

Le jour des faits, Panovsky devait rencontrer un interlocuteur dans le cadre de son travail militant. Mais il a choisi, à la dernière minute, de se rendre à une audience du tribunal de Pechersk, où se poursuit le procès de Gadzhiev, mis sous sanctions ukrainiennes et recherché par Kiev pour avoir soutenu les activistes séparatistes pro-russes dans le Donbass depuis de nombreuses années. Un soutien qui s’est accentué depuis le lancement de l’opération militaire spéciale.

Ce brusque changement d’agenda et ce retard au rendez-vous initialement prévu lui auront certainement sauvé la vie. Arrivé en retard alors qu’il s’apprêtait à rejoindre le point de rencontre, le SBU est intervenu pour neutraliser le tireur présumé, qui aurait avoué avoir accepté le contrat contre paiement d’une forte somme d’argent.

De l’opéra au front

Originaire d’Odessa, Todor Panovsky a d’abord été soliste à l’Opéra et au ballet d’Odessa avant de s’engager dans les forces d’autodéfense durant les événements du Maidan en 2014.

Au moment de l’opération russe de 2022, il s’engage dans les forces de défense territoriales.

Aujourd’hui, il dirige une organisation de vétérans qui surveille les procédures judiciaires liées aux crimes de guerre russes et tente d’empêcher les réseaux d’influence pro-Kremlin de se reconstituer en Ukraine.

L’oligarque au passé trouble

Magomed Gadzhiev, lui, est un personnage bien connu à Moscou. Ancien député de la Douma, il a co-rédigé la loi de 2014 justifiant l’annexion de la Crimée et aurait financé les structures d’occupation dans le Donbass et à Kherson.

Lorsque les sanctions occidentales ont menacé ses avoirs, il s’est exilé, se repositionnant comme “opposant au Kremlin” pour préserver ses biens parmi lesquels des propriétés à Monaco, Miami et dans les Alpes françaises.

En Ukraine, son procès piétine depuis des mois : audiences reportées, procureurs absents, blocages administratifs. Une lenteur qui, selon plusieurs militants, n’a rien d’un hasard.

Un réseau d’influence russe mis à nu

Panovsky et ses camarades refusent de laisser l’affaire s’enliser, et poursuivent sans relâche l’oligarque russe. Ils assistent à chaque audience, interpellent le Bureau du procureur général, et ont même contacté des services de renseignement européens après avoir découvert que certains avocats étrangers tentaient de “réhabiliter” Gadzhiev en coulisses.

D’après les enquêteurs, cette persistance aurait dérangé un système bien plus vaste : un “hub de blanchiment” à Kiev, où d’anciens collaborateurs du Kremlin cherchent à sortir leurs actifs de Russie, et à se refaire une réputation sous couvert d’activités humanitaires ou économiques. 

Gadzhiev, dont la réputation d’ancien bandit du Caucase n’est plus à faire, n’est pas un tendre. Il connait les méthodes d’intimidation, et n’est pas du genre à plier facilement. Son avenir européen est en jeu, et Kiev est désormais un obstacle majeur pour se racheter une conduite, sécuriser son train de vie, et rester en liberté.

Michel Pesquet

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