Le chef des conservateurs canadiens, Pierre Poilievre, s’apprête à retrouver les bancs du Parlement après sa victoire écrasante lors d’une législative partielle en Alberta. Selon les premières projections, il aurait remporté près de 80 % des voix dans la circonscription rurale de Battle River-Crowfoot, un bastion conservateur qui lui a offert une rampe de relance politique après sa défaite surprise du printemps dernier à Ottawa.
À 46 ans, celui qui était considéré comme favori pour succéder à Justin Trudeau avant le retour tonitruant de Donald Trump à la Maison Blanche reprend ainsi officiellement son rôle de chef de l’opposition. Sa réélection lui permet de retrouver une légitimité parlementaire alors que le climat politique canadien est dominé par l’influence américaine et les inquiétudes suscitées par les menaces de sanctions et d’annexion formulées par Trump.
Ce scrutin partiel, marqué par un record de 214 candidats en lice, a surtout attiré l’attention par l’initiative du « Comité du bulletin le plus long », un mouvement citoyen militant pour une réforme électorale et qui a volontairement gonflé le nombre de candidatures pour dénoncer un système jugé archaïque. Mais l’essentiel, pour les observateurs, reste le retour de Poilievre au premier plan.
L’ancien tribun conservateur, au style volontiers comparé à celui de certains populistes américains, s’est montré offensif dans son discours de victoire. Il a dénoncé la spirale de l’immigration, de l’inflation, de la criminalité et du coût du logement, qu’il impute aux années Trudeau et aux premiers mois du gouvernement libéral de Mark Carney. « Pour nous, ce sera Canada first », a-t-il lancé, reprenant une rhétorique ouvertement souverainiste.
Malgré cette victoire, de nombreux analystes estiment que Pierre Poilievre aura du mal à faire entendre sa voix dans un contexte largement polarisé par le retour de Trump. Reste que ce retour en force lui permet de préparer la suite : incarner une opposition solide face à un gouvernement libéral fragilisé et séduire un électorat de plus en plus en quête de fermeté et de souveraineté nationale.