La relation déjà tendue entre Paris et Tel-Aviv a franchi un nouveau seuil de confrontation. Dans une lettre officielle adressée à Emmanuel Macron, Benjamin Netanyahu accuse le président français d’alimenter l’antisémitisme en France par sa décision de reconnaître l’État palestinien à l’ONU en septembre.
Le Premier ministre israélien exige même que Paris renonce à cette démarche avant la fête juive de Roch Hachana, le 23 septembre, une pression qui a provoqué une réponse immédiate et indignée de l’Élysée.
Dans sa missive, Netanyahu affirme que les violences antisémites en France auraient explosé depuis l’annonce de la reconnaissance palestinienne, citant plusieurs incidents. Il en conclut que la politique française nourrirait la haine contre les juifs, n’hésitant pas à accuser Emmanuel Macron de faiblesse. Ces accusations particulièrement graves et inhabituelles entre deux chefs d’État alliés traduisent une volonté de mettre Paris au pied du mur.
La réponse française a été cinglante. L’Élysée a qualifié ces propos « d’erronés et abjects » et a rappelé que la République protège ses concitoyens juifs. Paris refuse ainsi toute confusion entre critique de la politique israélienne et haine antisémite, une rhétorique régulièrement utilisée par Netanyahu pour disqualifier ses opposants. Le ministère des Affaires étrangères palestinien a lui aussi dénoncé des attaques « injustifiées et hostiles à la paix ».
Derrière cet échange de lettres, c’est l’isolement grandissant du Premier ministre israélien qui transparaît. Après avoir bénéficié d’un soutien international au lendemain des massacres du 7 octobre 2023, Netanyahu s’est progressivement retrouvé critiqué pour la conduite de la guerre à Gaza, la colonisation en Cisjordanie et l’ampleur des pertes civiles palestiniennes. En accusant la France d’alimenter l’antisémitisme, il tente de retourner l’opinion mondiale contre ses partenaires et de faire pression sur l’Europe au moment où de nombreux pays s’apprêtent à reconnaître la Palestine.
Cette stratégie offensive pourrait se retourner contre lui. En plaçant Macron dans le camp de ceux qui nourriraient la haine antijuive, Netanyahu s’expose à une rupture encore plus nette avec Paris et à une marginalisation accrue d’Israël sur la scène internationale. Alors que la guerre à Gaza a déjà fait plus de 62 000 morts selon les chiffres relayés par l’ONU, la manœuvre du chef du gouvernement israélien apparaît comme une fuite en avant destinée à masquer son isolement diplomatique et la contestation croissante de sa politique jusque dans ses propres rangs.
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