Un rassemblement de Soudanais a eu lieu ce dimanche devant le Parlement britannique, à Londres, pour protester contre la guerre en cours dans leur pays et les violations commises à l’encontre des civils.
Les manifestants brandissaient des drapeaux soudanais et britanniques, tandis que certains portaient des illustrations représentant des enfants avec des masques de protection, accompagnées du slogan : « Stop aux armes chimiques ».
Une militante s’est tenue debout, un mégaphone à la main. Elle a lu une déclaration exprimant la position des activistes qui rejettent la poursuite de la guerre et appellent au respect des appels internationaux et régionaux en faveur d’un cessez-le-feu rapide et de l’ouverture de négociations menant à un accord de paix.
Ce rassemblement intervient un peu plus d’un mois après la tenue d’une conférence internationale sur le Soudan à Londres. Cette dernière a appelé à un cessez-le-feu immédiat et durable ainsi qu’à une résolution du conflit. Elle était coorganisée par le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Union africaine, l’Union européenne et réunissait des ministres de 14 pays ainsi que des représentants d’organisations internationales et des Nations unies.
Les participants à la conférence avaient plaidé pour une transition vers un gouvernement civil démocratiquement élu par le peuple soudanais et demandé la fin de toute ingérence extérieure susceptible d’aggraver les tensions ou de prolonger le conflit. Le Royaume-Uni et l’Union européenne s’étaient engagés à mobiliser des centaines de millions de dollars pour atténuer les souffrances humanitaires au Soudan.
La conférence s’est tenue à l’occasion du deuxième anniversaire du conflit, qui a causé la mort de dizaines de milliers de personnes, déplacé 14 millions d’autres et entraîné une portion considérable du pays vers la famine. Les participants ont également demandé un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave à toutes les zones en détresse, par tous les moyens nécessaires, conformément aux engagements pris dans la Déclaration de Djeddah et au regard du droit international humanitaire.
En janvier dernier, le New York Times avait révélé que les États-Unis avaient imposé des sanctions à Abdel Fattah al-Burhan en raison de preuves solides attestant de crimes commis dans le pays. Quatre hauts responsables américains avaient déclaré que les forces de Burhan avaient utilisé des armes chimiques à au moins deux reprises contre les Forces de soutien rapide.
D’après le journal, ces armes chimiques ont récemment été déployées dans des zones reculées du Soudan et effectivement utilisées. Les responsables américains craignent désormais qu’elles ne soient utilisées prochainement dans des zones densément peuplées de la capitale, Khartoum.
Cette révélation a coïncidé avec l’annonce par les États-Unis de sanctions contre Burhan pour les atrocités commises par ses milices, notamment les bombardements aveugles visant des civils et l’usage de la famine comme arme de guerre.
Le recours à des armes chimiques marque une escalade alarmante dans cette guerre menée par les islamistes au Soudan. Le conflit a engendré la pire crise humanitaire actuelle au monde, avec jusqu’à 150 000 morts, plus de 11 millions de déplacés, et désormais la famine la plus grave que le monde ait connue depuis des décennies.
Le département du Trésor américain avait alors déclaré :
« Sous la direction de Burhan, les tactiques de guerre de ses forces comprenaient le bombardement aveugle des infrastructures civiles, des attaques contre des écoles, des marchés et des hôpitaux, ainsi que des exécutions extrajudiciaires. »
Franck Belfort