Les flux de mineurs étrangers battent tous les records à la frontière italienne

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Au total, ce sont plus de 4900 mineurs qui ont passé la frontière entre l’Italie et les Alpes-Maritimes en 2022, contre 174 en 2014. Un nouveau record, quand l’on sait que l’année passée en avait enregistré tout juste plus de 4000, déjà le chiffre le plus élevé jusqu’alors. Même constat d’alerte pour les Hautes-Alpes : 1000 entrées contre 400 en 2021. Une telle augmentation inquiète quant aux capacités d’accueil réelles de la France, déjà difficiles depuis plusieurs années, et sur les relations avec l’Italie frontalière.
 
Aucun changement […] dans la gestion des mineurs non accompagnés
 
L’Italie est, littéralement, en première ligne. Ils sont environ 20 000 mineurs isolés à rentrer sur leur territoire en 2022, contre 7000 en 2020. Une quantité très difficile à prendre en charge, surtout sachant qu’elle est sous-estimé. En effet la plupart sont en transit, comme l’explique Gianfranco Schiavone, président du consortium italien de protection des migrants et d’accueil des réfugiés à Trieste : « Ils font le plus souvent semblant d’être majeurs pour ne pas être placés dans les centres d’accueil pour mineurs, car cela retarderait leur arrivée dans le pays de destination. »
 
Résultat, les flux français en sont grandement impactés. Alors que les autorités françaises n’écartent pas l’hypothèse d’un relâchement des contrôles côté italien, pour soulager Rome, Giorgia Meloni affirme de son côté la plus totale rigueur : « Il n’y a eu depuis notre [Fratelli d’Italia] arrivée aucun changement d’aucune nature dans la gestion des mineurs non accompagnés. »
 
Une ligne dont on peut douter, tant les tensions diplomatiques s’accumulent depuis plusieurs années sur la frontière entre les deux pays, et dont le refus d’accueillir le navire Ocean Viking et de ses 236 migrants par l’Italie est le dernier facteur aggravant. Une brigade franco-italienne a bien été créée en 2021 pour permettre l’intervention des forces de l’ordre des deux côtés de la frontière. Mais bien que le bilan semble encourageant, les traversées clandestines n’ont pas cessé d’augmenter.
 
Les services d’accueil sont déjà à flux tendu
 
D’après le maire LR d’Antibes, Jean Leonetti, le nombre de places disponibles pour les « vrais » mineurs est passé de 442 en 2021, à 617 en 2022. Sur 700 mineurs hébergés, seulement 400 environ seront pris en charge dans les Alpes-Maritimes, le reste ayant déjà fugué. Beaucoup sont désormais libres sur le territoire. On se souvient à cet effet des nombreux mineurs accueillis après l’accostage de l’Ocean Viking, qui avaient faussé compagnie dans les plus brefs délais à leurs gardiens, une fois arrivés à l’hôtel, sans que ceux-ci ne puisse leur opposer de résistance.
 
L’État octroyait le 22 novembre dernier un total de trois millions d’euros d’aide répartie entre les communes qui ont vu le nombre de réfugiés à accueillir augmenter. En parallèle de ces difficultés d’accueil, les magistrats ont pour leur part toujours plus de mal à traiter les cas, de plus en plus nombreux. « Certains juges des enfants peuvent cumuler jusqu’à 600 mesures de protection », critique Cécile Mamelin de l’Union syndicale des magistrats, et les associations se verraient obligées d’hériter d’une part conséquente du fardeau, elles qui sont déjà « asphyxiées avec des délais de mise en œuvre insupportables ».
 
Pendant ce temps, la prise en charge des quelques 40 000 mineurs présents sur le territoire atteint le milliard, alors que le coût par an généré pour un seul « varie entre 30 000 et 70 000 euros par an et par personne » en fonction du type d’hébergement et du degré d’aide à l’insertion soutenu par le département. On sait par exemple qu’un centre d’accueil pour mineur coûte environ 50 000 euros, mais les places manquent et les flux s’intensifient, et 28% sont aujourd’hui placés dans des hôtels moins coûteux. Une situation déjà difficile que les passages redoublés par les Alpes vont encore aggraver.
 
Politique italienne en cause ou pression migratoire, quoi qu’il en soit les services français s’inquiètent d’un massage croissant des migrants à la frontière, tandis que les groupes d’ultragauche maintiennent la pression pour faire passer les clandestins. 

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