Il s’appelle Robert Prevost. Son père est français, sa mère italienne. Lui est américain. Conservateur, mais pas trop. Proche du défunt pape François, mais pas trop. Américain conservateur, opposé farouchement aux théories de genre, mais critique aussi sur les réseaux sociaux des positions de Donald Trump et de JD Vance, la coqueluche des traditionalistes américains.
C’est donc un pape de consensus que le conclave réuni à Rome a élu hier. Il régnera sous le nom de Léon XIV, là encore un nom empreint d’un passé prestigieux. C’est d’abord le troisième nom le plus répandu parmi les papes de toute l’histoire de l’Église. Ensuite, le précédent Léon, le XIIIᵉ du nom, fut le dernier pape du XIXᵉ siècle. Je sais, ça fait beaucoup de chiffres romains et ce n’est pas fini, puisque Léon XIII fut aussi le premier pape du XXᵉ siècle.
Il est à l’origine de l’encyclique « Rerum novarum, qui enjoint le catholicisme à embrasser son époque et à se tourner vers la société. Ce n’est pas encore Vatican II, mais ça y ressemble légèrement, car l’Église, sous Léon XIII, entend bien disputer au socialisme montant, décrit dans l’encyclique comme quelque chose de maléfique pour le monde et les âmes des ouvriers. Léon XIII fut d’ailleurs surnommé le « Pape des ouvriers ». Il ne s’agit plus de regarder de loin l’évolution du monde et la révolution industrielle pour ne s’occuper que de guider les âmes au ciel. Il s’agit de se pencher sur la condition ouvrière et d’améliorer le sort des hommes ici-bas.
Le nouveau Léon aura fort à faire, mais on sait déjà que cet adepte de Thomas d’Aquin, le philosophe de la raison chrétienne, sait déjà tenir la dragée haute aux puissants. Son compte sur X vaut le détour. Il n’a pas sa langue dans sa poche. Pape de combat donc, moins « anti-tradi » et moins « tiers-mondiste » que ne le fut François, il fait la synthèse et promet certainement de marquer l’histoire de l’Église à un moment de crises dans le monde, mais aussi à un moment où l’on sent poindre un certain renouveau de la foi et des vocations.
