Législatives en Irak : Mohamed Chia al-Soudani revendique une large victoire et défie Washington

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Le Premier ministre sortant irakien, Mohamed Chia al-Soudani, a revendiqué une victoire écrasante aux élections législatives, renforçant ainsi sa mainmise sur le pouvoir avec le soutien des factions chiites proches de l’Iran. Sa coalition, baptisée « Coalition pour la reconstruction et le développement », arrive en tête selon les premiers résultats partiels, ouvrant la voie à un second mandat.

Malgré l’absence de majorité absolue, Soudani devrait pouvoir compter sur une recomposition des alliances chiites pour consolider sa position. Il a promis un gouvernement « inclusif », tout en adressant un message clair à ses adversaires, notamment aux États-Unis, dont l’influence en Irak est de plus en plus contestée. Washington maintient 2 500 soldats sur le sol irakien, officiellement pour lutter contre le terrorisme, mais le gouvernement irakien est sous pression pour démanteler les milices pro-iraniennes que les Américains considèrent comme des relais hostiles de Téhéran.

Le Premier ministre devra également composer avec un jeu d’équilibre stratégique entre l’Iran et les États-Unis. L’administration Trump a nommé un envoyé spécial d’origine irakienne, Mark Savaya, pour surveiller l’évolution politique à Bagdad. Celui-ci a appelé à libérer le pays des « ingérences étrangères malveillantes », en visant nommément l’Iran et ses soutiens.

Dans un pays fragilisé par la corruption endémique et la mauvaise gestion, Soudani a su capitaliser sur son programme de reconstruction et les vastes chantiers lancés à Bagdad. Mais son discours sur le développement masque difficilement une réalité politique marquée par la mainmise des factions chiites, un système confessionnel verrouillé et des élections de plus en plus dominées par des enjeux géopolitiques. Le boycott du scrutin par Moqtada Sadr, leader chiite influent et opposé au sectarisme politique, jette une ombre sur la légitimité du processus. Avec une participation en hausse à 55 %, contre 41 % en 2021, le régime tente de redorer son image, mais la confiance de la population reste fragile. En coulisses, les tractations ont déjà commencé pour former un gouvernement, redistribuer les postes selon les équilibres ethniques et confessionnels, et garantir la survie d’un système politique gangréné depuis des décennies.

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