L’édifice LR supportera-t-il une guerre des clans ?

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 À peine est-elle présentée aux auditeurs de la matinale d’Europe 1, que voilà Nadine Morano projetée dans la bataille. « Qu’est-ce qui vous retient encore chez Les Républicains ? », charge la journaliste Sonia Mabrouk. La question, posée sans ambages, met le doigt sur une réalité palpable chez Les Républicains : la coexistence de plusieurs lignes politiques qui s’achoppent au gré de l’actualité. Nadine Morano se dit « gaulliste », « ferme sur le régalien » et emprunte d’une « politique sociale ouverte, de protection de la famille ». Elle définit Les Républicains comme l’union entre « les libéraux, les gaullistes et les centristes ». Mais serait-elle la seule à encore y croire ? Car, comme le rappelle Sonia Mabrouk, la députée européenne fait partie des rares Républicains, avec Bruno Retailleau et François-Xavier Bellamy, à ne pas avoir dénoncé le racisme supposé de Grégoire de Fournas, à l’inverse d’Eric Ciotti, qu’elle soutient habituellement. Nadine Morano botte en touche : « Personne ne peut mettre en doute sa fermeté sur les questions migratoires, sur les questions de sécurité, dont il est spécialiste », avance-t-elle, légèrement mal à l’aise. Le sujet divise en interne. 
 
Libéraux contre gaullistes 
 
Le second tour de l’élection présidentielle a donné deux directions aux Républicains. Une partie des électeurs s’en est remis à Emmanuel Macron, l’autre à Marine Le Pen. « Vous risquez l’écartèlement », raille Sonia Mabrouk. Faudra-t-il attendre l’élection à la présidence des LR pour unir les courants ? « C’est important », concède l’ancienne ministre, « cette élection aura pour but de clarifier notre ligne politique ».           
 
 Reste qu’il est difficile de résumer cette opposition très contemporaine aux paradigmes politiques classiques. Une ligne, plutôt libérale, est portée par Aurélien Pradié et Xavier Bertrand, ainsi que par plusieurs députés qui semblent sensibles aux sirènes de La République en Marche ou d’Horizons, le parti d’Edouard Philippe. C’est d’ailleurs ce qui vaut au groupe entier le surnom de « béquille » du gouvernement, donné par Marine Le Pen. Côté militants, une récente enquête Odoxa-Backbone Consulting révèle que 58% des sympathisants LR aimeraient que leur camp « suive l’appel de Nicolas Sarkozy et passe un accord avec l’exécutif », relaye Le Figaro
 
L’autre ligne pourrait être qualifiée de gaulliste. Éric Ciotti et Bruno Retailleau s’en disputent le pilotage, sans réellement se départager. Selon l’enquête, l’hypothèse d’une main tendue à droite séduit 54% des sondés, qui se montrent favorable à une « union des droites » avec Éric Zemmour et Marine Le Pen. Un paradoxe visible chez certains sondés, qui tend à montrer qu’il existe peut-être encore une droite à la fois libérale et gaulliste. 
 
 
« Il nous faut un chef » 
 
« Il nous faut un chef », reconnaît Nadine Marano. Les Républicains sortent durement éprouvés de la campagne présidentielle, où Valérie Pécresse n’a rassemblé que 4,8% des électeurs derrière elle. Le parti n’a plus de chef depuis la fin du mandat de Christian Jacob, l’été dernier. Devant ce poste vacant, qui reste stratégique malgré l’amaigrissement politique des LR, trois candidats se présentent : Aurélien Pradié, Bruno Retailleau et Eric Ciotti. L’élection aura lieu les 3 et 4 décembre. Si le premier est davantage un challenger, les deux autres sont les plus observés. « Retailleau est le candidat des cadres, Ciotti celui des militants », peut-on entendre régulièrement. 

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