Le RN à l’Assemblée : une « pièce maîtresse » mais fragile

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Avec ses 89 – maintenant 88 – députés, le groupe du Rassemblement national à l’Assemblée est un incontournable de la vie parlementaire française. Le groupe se présente comme discipliné, respectueux des institutions et des prises de paroles, contrairement à nombre de ses opposants agités de la NUPES. « Rassemblement national : quel bilan pour les 89 députés un an après leur arrivée à l’Assemblée nationale ? », s’interroge France Info ce jeudi 15 juin. Sans surprise, l’article pointe un manque d’investissement du RN aux débats et des propositions d’amendements toujours « xénopobes ». Qu’en est-il vraiment ? Le bilan de ces un an traduit surtout un groupe devenu « pièce maitresse » de l’assemblée, un parti « incontournable », selon un cadre du RN. Pourtant, le chemin est sinueux, car le parti est clairement mis à l’écart. Il est de fait rare que leurs amendements ou leurs propositions de lois soient adoptées. Pourtant la crainte est là. « Les LR copient notre projet de loi sur l’immigration, les marconistes lancent déespéréments des boucles whatsapp de Task Force anti-RN » s’amuse-t-on au RN. « L’obtention de deux vice-présidences et de la direction de plusieurs groupes d’étude nous a donné une véritable crédibilité et une assise en interne », ajoute-t-il. La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet ne s’y trompe pas : fin mai, elle avouait au Figaro que le député RN Sébastien Chenu n’est pas « un bon mais un très bon vice-président de l’Assemblée ». Et la députée de se souvenir, après un déplacement : « Il m’a fait un accueil chaleureux, républicain. Il a fait toute la visite avec nous, écouté, observé, pris des notes. C’est ce qu’il faut faire… et ils le font », se souvient-elle, relayée par nos confrères. Une attitude qui tranche radicalement avec celle du jeune député LFI Louis Boyard, qui a écopé d’un rappel à l’ordre avec inscription au procès-verbal après ses cris répétés, visant à empêcher la Première ministre de s’exprimer.
 
Évidemment, les déclarations de Yaël Braun-Pivet ont fait hurler la gauche, dont certains cadres, comme le député LFI Thomas Portes, ont accusé le groupe Renaissance, dont font partie les marconistes, de « marcher main dans la main avec l’extrême droite », cite BFMTV. D’autant qu’à plusieurs reprises, le Rassemblement national a voté aux côtés des députés marconistes, par exemple au sujet de la loi de programmation militaire. « Malheureusement, nous n’avons pas de moyen d’empêcher un député de voter. Le Rassemblement national est dans une stratégie de banalisation qui parfois l’amène à voter des textes de la majorité », ose le député Renaissance Pieyre-Alexandre Anglade. Est-ce à dire que s’ils le pouvaient, ils le feraient ? « Nous, on votera ce qui va dans le bon sens », commente un membre du parti. Quand le but est de faire tomber Macron, on sait le faire. Si demain les Républicains présentent un projet de loi immigration digne de ce nom, il est évident qu’on le votera », complète-t-il. 
 
Garder une cohérence au sein du groupe : le cas Joris Hebrard 

Mis à l’épreuve, le Rassemblement national doit faire bloc. Aussi s’agit-il de faire le ménage dans ses troupes et de travailler à rendre cohérent le discours de ses élus. Le 3 juin dernier, Joris Hebrard, député du Vaucluse, quittait l’hémicycle pour de bon, cédant sa place à sa suppléante, Catherine Jaouen. Officiellement, le député évoque des raisons familiales et l’envie de redevenir maire du Pontet. Mais, officieusement, c’est l’inauguration d’une mosquée dans son département qui lui a valu d’être mis à l’écart. « Chahuté au sein de son propre camp pour avoir inauguré une mosquée, Joris Hébrard devrait retrouver son mandat de maire et pourrait retrouver son activité professionnelle. », écrivait en avrille JDD. Marine Le Pen s’était montrée sans concession, désapprouvant entièrement l’initiative : « Il est allé totalement à l’encontre du projet qui est celui du Rassemblement national ». 

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