À quelques jours de l’ouverture de la COP30 à Belém, le gouvernement brésilien a annoncé une baisse de 11 % de la déforestation en Amazonie sur un an, atteignant son plus bas niveau depuis 2014. Une annonce stratégique pour le président Luiz Inacio Lula da Silva, qui entend présenter le Brésil comme un modèle de transition écologique sur la scène mondiale.
Selon les données de l’Institut national de recherches spatiales (INPE), 5 796 km² de forêt ont été détruits entre août 2024 et juillet 2025, soit quatre années consécutives de recul. Ce chiffre représente la troisième plus faible déforestation enregistrée depuis 1988. La ministre de l’Environnement Marina Silva a salué un « résultat encourageant », tout en rappelant que l’objectif restait ambitieux : parvenir à zéro déforestation d’ici 2030.
Sous la présidence du populiste Jair Bolsonaro, soutenu par le lobby de l’agro-industrie, la déforestation avait explosé de 75 % par rapport à la décennie précédente. Lula tente donc de restaurer l’image d’un Brésil « leader environnemental », tout en maintenant un fragile équilibre entre protection des biomes et croissance économique.
Mais derrière cette communication triomphale, certaines contradictions demeurent. Alors même que les chiffres officiels s’améliorent, l’agence environnementale Ibama vient d’autoriser Petrobras à explorer un gisement pétrolier au large de l’embouchure de l’Amazone. Une décision que les ONG dénoncent comme un « double discours climatique ». Lula, de son côté, justifie ce virage énergétique en affirmant que les revenus du pétrole financeront la transition écologique.
En réalité, si la tendance à la baisse de la déforestation est indéniable, elle s’explique aussi par une sécheresse historique et par la propagation d’incendies incontrôlés, désormais première cause de destruction forestière. À la veille de la COP30, le Brésil tente ainsi de se présenter en sauveur du climat, tout en continuant de jouer avec les limites de sa propre promesse écologique.

