« En recevant Abu Mohammad al-Jolani, Emmanuel Macron franchit une ligne rouge inédite dans l’histoire diplomatique française. » Dans une tribune exclusive accordée à OMERTA, Ribal Al-Assad, opposant syrien exilé et cousin de l’ancien président Bachar Al-Assad, alerte sur les implications morales et sécuritaires de cette normalisation, rappelant le lourd bilan de HTS en Syrie et les liens profonds de Jolani avec les réseaux djihadistes responsables d’attentats en France et en Europe.
En recevant Abu Mohammad al-Jolani, le « président » autoproclamé de la Syrie et fondateur de Hay’at Tahrir al-Sham (HTS), anciennement « Front Al Nosra » (la branche d’Al Qaïda en Syrie), le président français Emmanuel Macron franchit une ligne qui ne devrait jamais être approchée, encore moins tolérée. Ce n’est pas simplement une erreur diplomatique. C’est un effondrement moral d’une ampleur stupéfiante. C’est une trahison de la France, une insulte aux familles des victimes des attentats djihadistes sur le sol français et européen, et une gifle à chaque victime de l’extrémisme dans le monde.
Le président autoproclamé de la Syrie, Abou Mohammad Al Jolani, est un terroriste. Il a commencé son ascension dans les rangs ensanglantés d’Al-Qaïda en Irak sous Abou Moussab al-Zarqaoui. Il a passé cinq ans dans des prisons américaines en Irak avant de prêter allégeance au dirigeant de l’État islamique (EI) Abu Bakr al-Baghdadi, à sa libération de prison. Baghdadi l’a personnellement envoyé en Syrie pour établir le Front Al Nosra. Jolani a ensuite exprimé sa loyauté envers le dirigeant mondial d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, successeur d’Oussama ben Laden, faisant officiellement du Front Al Nosra la branche syrienne d’Al-Qaïda. Il a ensuite changé le nom de ce groupe terroriste en l’appelant Haï’at Tahrir Al Sham (HTS).
Aujourd’hui, Al Jolani et son groupe, Hay’at Tahrir al-Sham (HTS), sont toujours désignés comme organisation terroriste par les États-Unis ainsi que par de nombreux autres pays. Ce groupe a commis des atrocités.
Hélas, la guerre en Syrie a provoqué plus d’un million de morts, plus d’un million de blessés, le déplacement de plus de six millions de réfugiés hors du pays, et de huit millions d’autres à l’intérieur.
Le groupe terroriste HTS, comme l’ancien régime, porte une responsabilité égale dans ces tragédies, ainsi que dans la destruction de soixante pour cent des infrastructures du pays, l’utilisation d’armes chimiques contre des civils et d’innombrables violations du droit international.
Le soi-disant « gouvernement » de Jolani n’est pas une force de modération ou de stabilité. C’est une théocratie totalitaire construite sur la peur, la violence et le sang. Au début de son ascension, Jolani a soumis un plan à Baghdadi décrivant une stratégie génocidaire pour « débarrasser la Syrie de ses minorités » — un plan qu’il a poursuivi avec une cohérence glaçante depuis. Sous son commandement, d’abord comme commandant de l’EI, puis en tant qu’homme d’Al-Qaïda en Syrie, ses forces ont mené des campagnes massives de nettoyage religieux, ethnique et sectaire ciblant les chrétiens, les alaouites, les druzes et les Kurdes.
Les hommes de Jolani ont effectué des enlèvements, des tortures, des décapitations, des lapidations, des crucifixions et des ventes aux enchères d’esclaves. Les femmes et les filles, y compris de nombreuses mineures, ont été soumises à des viols systématiques, à des mariages forcés et à l’esclavage sexuel. D’innombrables autres ont été contraintes à des soi-disant mariages sous la pratique barbare du « jihad al-nikah » — un système faussement présenté par certains comme volontaire, mais en réalité motivé par la manipulation, l’endoctrinement et la coercition, la grande majorité des cas étant profondément exploitants, abusifs et criminels. Al Jolani est responsable de l’enlèvement de religieuses de la ville chrétienne de Maaloula, des massacres de Kurdes syriens à Kobani et de la vente de femmes druzes comme esclaves à Idlib. Il est responsable de la décapitation de soldats libanais et complice du massacre de troupes et de civils américains et irakiens. Les groupes terroristes auxquels il a prêté allégeance, l’EI et Al-Qaïda, sont responsables des attentats du 11 septembre à New York, des attentats à la bombe de Madrid en 2004, des attentats de Londres du 7 juillet, des attentats contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, des attentats de Bali et d’Amman, des attaques de Mumbai, de l’assassinat de Benazir Bhutto, du meurtre de l’ambassadeur américain J. Christopher Stevens à Benghazi, de la campagne de génocide, de viol et d’esclavage contre les Yazidis en Irak, des exécutions massives de la tribu Al-Shuaitat à Deir ez-Zor, et d’innombrables autres.
C’est la même idéologie, le même réseau terroriste, qui a apporté l’horreur dans les rues de France. L’attentat de Charlie Hebdo en janvier 2015, les attentats-suicides coordonnés et les fusillades de masse à Paris en novembre de cette année-là, y compris l’attaque du théâtre du Bataclan, et le massacre au camion du 14 juillet à Nice en 2016. Ces atrocités ont été commises par des opérateurs de l’EI et d’Al-Qaïda. Abu Mohammad al-Jolani était déjà une figure de proue de ce réseau, aidant à façonner sa stratégie mondiale. La même idéologie qui a assassiné des civils innocents sur le sol français et européen est maintenant accueillie à bras ouverts au palais de l’Élysée.
Les atrocités sous le régime de Jolani ne sont pas de l’histoire ancienne, elles se poursuivent sans relâche depuis qu’il a pris le pouvoir. En mars 2025, HTS a lancé une campagne de massacres et de nettoyage sectaire contre les civils alaouites et chrétiens dans la région côtière occidentale de la Syrie. Plus de 1 700 personnes ont été massacrées. Des milliers sont toujours portées disparues. Des communautés entières ont été anéanties, leurs maisons saisies, leur existence effacée. Quelques semaines auparavant, HTS avait massacré plus de 50 civils alaouites à Hafel (Homs) et exécuté publiquement plus de dix personnes à Arzeh (Hama). Ces crimes ont été commis en toute impunité, aidés par le silence international et un black-out médiatique délibéré.
Il y a quelques jours à peine, les forces de Jolani ont commis une autre atrocité, cette fois contre les Druzes. Dans le sud de la Syrie, les combattants de HTS ont exécuté des civils druzes, déclenchant une panique massive parmi les populations minoritaires qui vivent désormais dans la peur d’une annihilation totale.
Dans ses territoires, Al Jolani règne par la terreur. Son régime enlève, torture et fait disparaître des civils ; purge les minorités des institutions publiques ; confisque des maisons et des propriétés ; profane des sanctuaires religieux ; et utilise les tribunaux de la charia pour légaliser la persécution et le vol. Son soi-disant gouvernement distribue même des citoyennetés et des passeports syriens, imprimés en Turquie, à des djihadistes étrangers, leur accordant des identités syriennes et leur permettant de voyager dans le monde. En recevant le dirigeant de HTS, Macron ne réhabilite pas seulement Al Jolani. Il permet à des terroristes djihadistes islamistes extrémistes de se déplacer librement, non seulement à travers la Syrie, mais à travers l’Europe.
Hélas, la réaction de l’Union européenne est aussi scandaleuse. Non seulement elle n’a pas condamné cette initiative, mais elle l’a normalisée. Les sanctions contre HTS ont été discrètement levées. Des ministres des Affaires étrangères européens se sont rendus à Damas pour rencontrer Al Jolani et son « ministre des Affaires étrangères », le cofondateur du Front Al-Nosra. La République française, par ce geste de son Président, a trahi la France et son histoire, en ouvrant les portes du palais de l’Élysée à un criminel de guerre.
Ce n’est pas une stratégie. C’est une reddition. C’est la légitimation d’un seigneur de guerre qui rêve de construire un émirat à la manière de celui des Talibans sur les cadavres des minorités. Al Jolani a ouvertement déclaré que les Alaouites sont des infidèles qui doivent être exterminés et a appelé à des attaques contre la région côtière de la Syrie, le foyer ancestral de nombreuses communautés alaouites et chrétiennes. Sous son règne, HTS transforme de force la démographie de la Syrie : expulsant les minorités, repeuplant les villes avec des loyalistes djihadistes, détournant les ressources nationales vers Idlib et choisissant les fonctionnaires selon leur appartenance sectaire.
Ce qui émerge, c’est un État islamiste radical sur la Méditerranée, aux portes de l’Europe. Et Macron l’aide à se construire.
Son accolade à Al Jolani envoie un message catastrophique à chaque terroriste sur Terre : si vous tuez assez longtemps, terrorisez assez brutalement et vous réinventez assez intelligemment votre image, l’Occident finira par vous accueillir à bras ouverts. Ce n’est pas seulement une trahison du peuple syrien, c’est une trahison des Français et des Européens qui ont pleuré leurs proches après Charlie Hebdo, après le Bataclan, après Nice, après Madrid et après Londres. Cela crache sur ces tombes.
La France ne doit pas devenir complice du terrorisme djihadiste. Emmanuel Macron doit être tenu responsable de cette parodie. Accueillir Al Jolani, c’est trahir la France, l’Europe et chaque principe de dignité humaine et de justice.
Ribal al-Assad
Ribal al-Assad, né à Damas en 1975, est le fils de Rifaat Al-Assad, ancien vice-président syrien, et cousin germain de l’ancien président Bachar al-Assad. Issu d’une branche influente de la famille au pouvoir, il s’est néanmoins opposé très tôt au régime syrien. Exilé avec sa famille à Paris en 1984, il poursuit ses études aux États-Unis et au Royaume-Uni, où il obtient un master en relations internationales. Il fonde l’Organisation pour la Démocratie et la Liberté en Syrie (ODFS) et la Fondation Iman, qui promeut le dialogue intra religieux et interculturel et la lutte contre l’extrémisme.
Aujourd’hui installé à Londres, il poursuit son engagement sur la scène internationale à travers des conférences, des publications et des actions diplomatiques.