Dans un contexte européen de plus en plus tendu et marqué par des discours identitaires exacerbés, le dernier rapport gouvernemental français a fait la une de nombreux médias. Ce document met en lumière une présence étendue des « Frères musulmans » au sein d’institutions non politiques officielles, sous une apparence religieuse qui dissimule des intentions politiques.
Ce rapport de 73 pages, rédigé par un « haut fonctionnaire » – un ancien ambassadeur – sous l’égide du ministère de l’Intérieur, a été commandé à l’époque par l’ancien ministre Gérald Darmanin, puis rendu public le 21 mai dernier au Conseil de défense nationale.
D’après Le Figaro et des agences comme France 24, le rapport classe les Frères musulmans comme une « menace réelle pour la cohésion nationale », évoquant le développement d’un islam politique « par le bas » c’est-à-dire à travers une infiltration progressive des sphères sociales, culturelles et administratives.
Voici quelques chiffres marquants du rapport :
- 139 mosquées sont gérées par l’association « Musulmans de France ».
- 68 autres sites sont considérés comme « proches de la confrérie », ce qui représente environ 7 % des quelque 2 800 mosquées recensées en France.
- Environ 91 000 fidèles fréquentent ces lieux pour la prière du vendredi, bien que le nombre de membres directement affiliés à la confrérie soit estimé à moins de 1 000.
Face à une perte d’influence dans le monde arabe, la confrérie semble avoir redirigé ses efforts vers l’Europe, ciblant les municipalités, les associations locales et les quartiers.
Le rapport souligne explicitement qu’il n’existe pas, à ce stade, de volonté d’établir un État islamique en France. Cependant, les Frères musulmans pratiquent une forme de « taqiya politique » en affichant un discours modéré en public tout en tenant, en coulisses, un discours plus radical. Cette stratégie vise à se positionner comme représentant légitime des musulmans en France.
Dans une déclaration, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a lancé un avertissement direct aux élites politiques et à la société civile :
« Il existe une menace claire contre la République… L’islam politique agit à travers les associations, la culture, l’éducation, pour orienter la société vers la charia. »
Le phénomène ne se limite pas à la France. Une infiltration des Frères musulmans a également été observée en Belgique, en Allemagne et au Royaume-Uni, notamment via des organisations comme FEMYSO, qui a bénéficié de financements européens malgré les mises en garde françaises, qualifiant ces entités d’« hostiles aux valeurs européennes ».
En Belgique, des polémiques ont éclaté concernant le financement de certaines mosquées et l’influence de puissances étrangères à travers des institutions missionnaires et éducatives. Ces pratiques ont été qualifiées d’« ingérences étrangères ».
Le rapport met en garde : bien que la confrérie ne recoure à la violence armée, elle tisse patiemment un réseau visant à modifier l’identité et la culture politique. Son approche repose sur la normalisation progressive, s’appuyant sur des structures officiellement caritatives et culturelles.
Le président Emmanuel Macron a exprimé la gravité de la situation en appelant le gouvernement à préparer un ensemble de propositions pour contrer ce qu’il a qualifié de « danger pour la société française ».
En conclusion, l’islam politique dirigé par les Frères musulmans classés comme organisation terroriste dans plusieurs pays arabes ne recourt pas actuellement à la force en Europe. Toutefois, il s’implante durablement au sein des sociétés civiles. Il représente une menace croissante pour les valeurs démocratiques, la laïcité et le vivre-ensemble, si des mesures effectives législatives, sociales et de surveillance ne sont pas prises pour anticiper les intentions plutôt que de réagir aux actions, en ciblant le référent religieux avant l’agenda politique.
Radouan Kourak