Ce qui se passe à l’intérieur du couple présidentiel ne nous regarde pas. Que Brigitte Macron ait administré à son président de mari une gifle après quinze heures de vol fait partie des banalités du quotidien qui traversent de nombreux conjoints. Parfois, les choses ne sont pas aussi violentes, mais le fait est que cela arrive. Sur les images, Emmanuel Macron comprend aussitôt que cette scène intime vient d’être captée par les caméras venues filmer l’arrivée à Hanoï du président français en visite officielle au Vietnam, qui est le pays phare de la francophonie en Asie du Sud-Est. Il salue l’extérieur comme pour dire « tout va bien »…
En revanche, ce qui est plus étrange et révélateur du mode de pensée actuel, c’est bien la façon dont la communication de l’Élysée a géré l’incident. Des amateurs, doublés d’individus obsédés par quelques poncifs qu’ils appliquent à la lettre dès qu’ils en ont l’occasion, en espérant que cela ne va pas se voir. Première réaction : c’est un coup des Russes et de l’extrême droite. Comme dans presque tout ce qui agite l’Élysée en ce moment, le jeu de la Russie agressive et manipulatrice, appuyé par une extrême droite naturellement son alliée, structure la pensée d’État matin et soir et désigne comme par réflexe les ennemis du président. C’est grossier, personne n’y croit, mais on applique la formule en priant pour que le public passe à autre chose. Seulement cette fois-ci, le problème est que les images ont été prises par des médias étrangers parfaitement valides et sans aucune connexion avec la Russie, Zemmour ou le RN. En l’occurrence, elles appartiennent à l’agence américaine Associated Press. Que des médias russes et des comptes d’extrême-droite l’aient relayé dans un deuxième temps, c’est de bonne guerre après tout, mais cela ne fait pas d’eux les artisans d’un coup monté contre le président. Des milliers d’internautes en ont fait de même et chacun y va de son commentaire, sans que personne ne se soit concerté. Il ne s’agit ni d’une « fake news », ni d’un coup monté.
Deuxième explication quelques heures plus tard : c’est l’IA, comme avec le mystérieux kleenex caché par Macron dans le train qui le conduisait vers Kiev en compagnie de Keir Starmer et de Friedrich Merz. L’Élysée déclare à la chaîne France 2 : « Cette vidéo a été générée par l’IA. Tout ceci est complètement faux ». Encore une fois, amateurisme total. Qu’est-ce qui empêche en effet ces mêmes services de vérifier avant de se prononcer ? Ne sont-ils pas payés pour ça ?
Enfin, vient l’aveu avec le constat que la vidéo a bien été produite par AP et que c’est tout ce qu’il y a de plus sérieux. Alors seulement, l’Élysée rétropédale. Il s’agit désormais d’une chamaillerie. Cette fois-ci, le mot est bien choisi, suffisamment pour reconnaître qu’il s’est bien produit quelque chose et que Brigitte ne fait pas simplement ce geste pour lui remettre sa cravate. En clair, admettre qu’une dispute est possible, mais qu’elle ne prête pas à conséquence. « Cette scène, je l’ai vue 50 fois. Ils se chamaillent, se taquinent. Il fait des blagues et elle lui met les mains sur la bouche pour qu’il se taise. « C’est pour plaisanter », explique un communiqué de l’entourage du président.
Quelques heures plus tard, c’est Emmanuel Macron en personne qui passe aux explications. Il parle lui aussi d’une plaisanterie, d’une chamaillerie et joue la persécution. « Tout cela, c’est un peu n’importe quoi » conclut-il. Et comme pour effacer les images où le monde entier a pu voir clairement qu’Emmanuel Macron ne plaisantait pas lorsque les mains de Brigitte lui agrippaient le visage, le couple présidentiel s’offre une balade à Hanoï main dans la main. Un bon « damage control » géré à l’ancienne. Circulez, y a rien à voir…