Emmanuel Macron : la défaite de la Ve République

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Les sommets pour l’Ukraine se succèdent. Les déclarations martiales retentissent. Dernière en date du président français lors du sommet européen de Copenhague la semaine dernière :

« Nous sommes dans une confrontation avec la Russie, qui depuis plusieurs années est un acteur très agressif dans notre espace informationnel, on l’a vu, dans le cadre des élections comme ailleurs ; qui multiplie les attaques cyber, qui évidemment a lancé une guerre d’agression en Ukraine, qui utilise la menace nucléaire et qui aujourd’hui, on le voit bien, provoque dans les espaces aériens ».

Dans une ambiance saturée par la psychose des drones et celle d’un pétrolier rouillé censé les avoir fait décoller, comme à son habitude, le président français prend les positions les plus marquées du bloc occidental vis-à-vis de Moscou, ayant fait depuis longtemps de la guerre en Ukraine un combat personnel.

Emmanuel Macron, chef des armées, s’est retranché dans le domaine réservé, ces secteurs de la politique nationale (la défense et la politique étrangère) dans lesquels l’usage, plutôt que la Constitution elle-même, reconnaît la prééminence du président de la République. S’il y met autant de zèle, c’est qu’il ne lui reste pas grand-chose d’autre. Depuis qu’il a prononcé la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin dernier, le pays est sans majorité. Sans gouvernement durable, sans cap solide, la France accumule les déboires, sans compter que son économie prend l’eau de toutes parts. De cela, il aurait dû tirer les conséquences il y a longtemps et provoquer une nouvelle élection présidentielle. Mais il ne le fait pas, continuant précisément, grâce au domaine réservé, à justifier de son maintien au pouvoir. On peut se demander d’ailleurs comment quelqu’un qui a su pousser son pays au bord du gouffre sur le front intérieur pourrait donner des leçons et peser sur la scène internationale. « Emmanuel Macron est un type sympa, mais il n’a pas souvent raison », avait dit de lui un Donald Trump, bien conscient de la faiblesse de la position de notre président et, à travers elle, de la France tout entière.

Ce paradoxe d’un édile bruyant à l’étranger, mais incapable de gouverner à domicile, est l’illustration que, même si son mandat se termine en mai 2027, on assiste déjà à une fin de règne. La démission de Sébastien Lecornu et le parfum d’errance institutionnelle qui l’accompagne soulignent encore davantage la gravité de la situation. Démissionner semble pour lui hors de question. C’est là totalement contraire à l’esprit de la 5ᵉ République et de son fondateur, le général de Gaulle. C’est le calcul que la place est bonne, avec ses avantages en nature, et qu’il convient de s’y cramponner coûte que coûte. L’intérêt du pays et son avenir passent à la case « pertes et profits », pertes surtout. Dans cette tragédie, le seul point positif, c’est que les Français ont devant eux l’illustration de toute la cupidité des politiques. Dans cette période de flottement, on sent certains prêts à tout pour obtenir un strapontin au gouvernement. Les beaux discours s’effacent. Le cruel besoin de nouveaux hommes et femmes, animé d’un véritable amour du pays, se fait sentir. Il n’y a pas que Macron qui est fautif. Il est le produit de tout un système qui nous a conduit au bord de l’abime.

Voir aussi : Macron : l’illusion de la puissance

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