Bosnie : frères ennemis

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Ces vingt dernières années, j’ai couvert pas mal de conflits. Celui de Bosnie s’est terminé il y a presque 30 ans, en 1995. Pourtant, j’avais oublié avant de me rendre là-bas pour notre nouveau documentaire, « Bosnie, frères ennemis », qu’une guerre n’est en réalité jamais terminée. En tout cas qu’elle ne s’achève pas avec la signature d’un traité de paix.

Comme disent les Bosniaques de toutes communautés, musulmans, serbes ou croates, ici c’est la guerre, mais sans les armes. Du conflit, il reste donc les cicatrices jamais refermées, mais aussi ceux qu’on est allé chercher loin pour combattre ou qui se sont portés volontaires quand bien peu s’intéressaient au sort de la Bosnie. Parmi eux, Semin Rizvic. S’il est bosniaque d’origine, ce djihadiste revendiqué a combattu pendant la guerre avec la brigade El Moudjahid, formée de fanatiques religieux venus d’Afghanistan, d’Algérie et même de France. Pour « Bosnie, frères ennemis », nous l’avons retrouvé dans le village de Bocinja. Les communautés n’en finissent plus de compter leurs morts, de les célébrer, voire d’utiliser leurs tombes pour marquer le territoire. De Srebrenica à Kravica, le pays est une succession de massacres que le voisin souvent conteste ou ignore. Le passé a façonné le présent. Chacun s’observe, chérit ses propres douleurs. Si personne ne veut une nouvelle guerre, chacun y pense… Pour « Bosnie, frères ennemis », nous avons retrouvé et interrogé en exclusivité les acteurs de ce conflit, ceux du terrain, l’ADN d’OMERTA, mais aussi les décideurs, comme Milorad Dodik, président de la République serbe de Bosnie ou le général Morillon, commandant des forces armées de l’ONU en Bosnie-Herzégovine de septembre 1992 à juillet 1993. Régis Le Sommier

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