Société

Vague d'arrestations de militants écologistes après les dégradations d’une usine Lafarge en décembre

L’« écoterrorisme » : c’est ainsi que le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, désigne les écologistes radicalisés, qui n’hésitent plus à utiliser l’action violente pour faire connaître leurs idées. La mutation du combat en faveur de la préservation de nos territoires en une sorte d’idéologie punitive se poursuit avec une radicalité nouvelle depuis quelques mois. Mais les actions violentes se sont heurtées au mur de la loi, ce lundi 5 juin. Une série d'arrestations et de perquisitions sans précédent a été lancée en France, sous l’égide de la SDAT (Sous-Direction Anti-terroriste), ciblant notamment des militants du mouvement Soulèvements de la Terre et des militants de l'écologie radicale. Ces actions ont été menées dans le cadre d'une enquête judiciaire ouverte après les dégradations survenues le 10 décembre dernier dans une usine Lafarge située à Bouc-Bel-Air, dans les Bouches-du-Rhône.

Les forces de police ont visé huit grandes agglomérations françaises, notamment Marseille, Montreuil, Dijon, Lyon, Toulouse et Bayonne, ainsi que deux communes rurales, Caylus et Verfeil-sur-Seye, dans le Tarn-et-Garonne. À l'heure actuelle, plus d'une quinzaine de personnes se trouvent en garde à vue dans différents commissariats du pays. Elles sont interrogées dans le cadre d'une enquête pour association de malfaiteurs et dégradations en bande organisée. La durée de leur garde à vue pourrait atteindre jusqu'à 96 heures.
 
L'enquête judiciaire en cours vise à établir les responsabilités dans les dégradations commises dans l'usine Lafarge. Cette entreprise, spécialisée dans le ciment, est régulièrement pointée du doigt par les groupes écologistes pour son impact environnemental négatif. Les autorités cherchent à déterminer si les personnes arrêtées ont participé à ces actes de dégradation et si elles ont agi de manière coordonnée au sein d'une association de malfaiteurs.
 
Les Soulèvements de la Terre se plaignent d’une « escalade répressive » du gouvernement
 
Dans un communiqué de presse, le mouvement Les Soulèvements de la Terre veut y voir un acharnement du gouvernement : « L'opération policière s'inscrit de toute évidence dans l'escalade répressive que le gouvernement mène contre les mouvements sociaux et écologistes avec une accélération notable ces derniers mois ». Mais le mouvement est connu pour ses actions directes et souvent illégales, visant à dénoncer par tous les moyens les atteintes à l'environnement et à exiger des mesures plus fortes en matière de protection de la nature. Dans une chronique sur Europe 1, ce jeudi 7 juin, la journaliste Emmanuelle Ducros raille « ces vengeurs masqués autoproclamés de la cause climatique, avides pour certains d’en découdre » qui se plaignent « de trouver une résistance. »

L’opération policière attire l'attention par son ampleur, qui sonne comme un signal : il y a des limites à l'activisme environnemental. Les Soulèvements de la Terre sont notamment à l’origine de l’emploi du terme de « désarmement », qui a permis de propager le sabotage dans le milieu écologique, de le normaliser et de le légitimer. Une note des services de renseignement, relayée par le média environnementaliste Reporterre, fait état des risques que sous-tend la radicalisation du mouvement écologiste.

Mayeul Chemilly

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