Politique

Une commission d’enquête parlementaire pour traiter des « groupuscules violents »

Mercredi soir, à 204 voix contre 47, l’Assemblée nationale a validé la création d’une commission d’enquête parlementaire pour étudier « la structuration, le financement, les moyens et les modalités d'action des groupuscules auteurs de violences », comme le relaie Le Figaro, durant des manifestations et rassemblements « intervenus entre le 16 mars et le 3 mai 2023 ». C’est en effet au soir du 16 mars, à la suite de l’utilisation de l’article 49 alinéa 3 de la constitution par le gouvernement pour faire approuver la réforme sur les retraites, que l’on a assisté à une radicalisation de l’opposition au texte de loi avec notamment l’organisation d’une manifestation non déclarée devant le palais Bourbon. Celle-ci a dégénéré un peu plus tard dans la soirée, avec de violents affrontements place de la Concorde entre manifestants et forces de l’ordre. 

Une semaine plus tard, lors d’un rassemblement à Sainte-Soline en protestation au projet des méga-bassines, à l’initiative du collectif « Bassine non merci » et l’association « Les soulèvements de la Terre », les violences ont atteint un niveau équivalent à celui des manifestations à Notre-Dame-des-Landes en 2013. Policiers et gendarmes ont déploré 28 blessés. Loin d’être des cas isolés, ces démonstrations de violences s’inscrivent dans un climat de tensions sociales et politiques qui s’est installé en France depuis les lois El Khomri en 2016. Avec une accalmie dans les premières années du premier mandat présidentiel de Macron, la crise des « gilets jaunes » a ravivé de plus bel la protestation sociale sous Emmanuel Macron et a constitué le point d’orgue de la contestation la plus violente à l’encontre du président.

En réponse à ces violences, l’Assemblée nationale a constitué à plusieurs reprises des commissions d’enquête afin de déterminer l’origine et les auteurs de ces violences. Pour la majorité LREM, le problème viendrait des organisations radicales ou « groupuscules » issus de l’ultra droite et de l’extrême gauche qui, selon le rapporteur du texte Florent Boudié, député de Gironde font usage « des "mortiers d'artifice, des frondes à billes de plomb" ou des "cocktails molotov", afin "d'attenter à la vie des forces de l'ordre" », rapporte Le Figaro. L’initiative a été approuvée par tous les groupes parlementaires à l’exception des écologistes, des communistes et de LFI. Son approbation par le Parti socialiste creuse encore un peu plus les divergences de fond qui interviennent au sein de la NUPES, d’autant que le député Roger Vicot a renvoyé la responsabilité des violences à tous les groupuscules « qu’ils soient d’extrême droite ou d’extrême gauche » et « parfois des policiers ». Ce discours s’éloigne grandement des positions de la LFI, qui attribuent l’origine de ces violences au seul fait des politiques du gouvernement et des violences policières.
 
Le gouvernement, seul responsable ?

La députée de Gironde du Rassemblement national, Edwige Diaz, a accepté de répondre aux questions d’OMERTA. En tant que future membre de ladite commission, Edwige Diaz approuve cette initiative mais déplore que « cette commission arrive tardivement » alors que la période d’étude est jugée « trop restreinte ». Au cours de cette enquête, les députés du groupe entendent pointer la responsabilité du gouvernement et de la NUPES : « On peut s’interroger sur l’intérêt que pourrait avoir le gouvernement à laisser les mouvements sociaux être pourris par des black block et toutes ces milices au mode opératoire très violent. » Elle espère également que cette énième commission d’enquête de violences groupusculaire aboutisse à des mesures législatives plus coercitives ainsi qu’à une augmentation des effectifs de police qui constitue selon elle la « principale faille » des stratégies de maintiens de l’ordre.

Pour l’heure, impossible de savoir si cette commission aura un quelconque effet sur les politiques publiques de maintien de l’ordre. Au moins pourra-t-elle mettre en lumière les liens établis entre les partis politiques de gauche avec les groupuscules d’extrême gauche. De son côté, le RN a clairement pris position sur la question des violences des groupuscules d’ultra-droite, condamnant fermement toute violence, quelle que soit l’origine idéologique de ces groupuscules.

Julien Lusinchi

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Commentaires

Gilles Bourquin

Il y a 1 ans

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Le black bloc n’est ni une organisation pyramidale avec un chef à sa tête, ni une association déclarée au registre du commerce. C’est une doctrine. Réclamer sa dissolution n’a donc absolument aucun sens. Ceux qui vont composer un bloc noir dans une manif agiront en « mercenaires » sans devoir de fidélité à une quelconque mouvance. Leur violence et leur extrême mobilité les rendent quasi insaisissables. Un bloc noir se constitue en général les samedis ou dimanches, car ceux qui y contribuent ont en général un travail. Les agissements violents de nombreuses personnes vêtues de noir constatés lors des manifestations récentes sont exécutés par des casseurs « opportunistes » qui cherchent à s’occuper. Il ne s’agit pas de bloc noir.

Yann MORELLEC

Il y a 1 ans

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A lire la liste des opposants à cette commission parlementaire , on voit tout de suite les complices des groupuscules d 'extrême gauche et de leur ultra-violence.

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