Société

Un 14 juillet en état de siège

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« On n’a pas trop envie de faire la fête », voilà ce que répond Benoît Digeon, maire de Montargis, dans le Loiret, lorsqu’on l’interroge sur les raisons de l’annulation des festivités du 14 juillet dans sa ville. Avec quatre-vingts magasins dégradés dont quinze pillés pour seulement 15 000 habitants, Montargis possède un des plus lourds bilans parmi les villes touchées par les émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, tué par un policier après une course poursuite à Nanterre le 27 juin. Le maire estime que sa ville a besoin de temps pour s’en remettre et que ses forces de l’ordre sont épuisées… 

Il est loin d’être le seul à faire ce constat. Les maires de Savigny-sur-Orge, Rosny-sous-Bois, Nanterre, ou encore Aulnay-sous-Bois, Maisons-Alfort et Saint-Maurice ont eux aussi décidé d’annuler les festivités. Tous sont été « tiraillés » entre l’impérieuse nécessité de réaffirmer ce symbole de la République qu’est la fête nationale en ces temps d’émeutes et d’affaiblissement de l’autorité, et l’obligation en tant qu’élus municipaux de protéger leurs habitants. Pour certaines communes, notamment celles situées en lisière de zones boisées, la décision d’annulation provient aussi d’une volonté d’éviter des incendies liés au températures caniculaires de ces derniers jours. Quoiqu’il en soit, ces annulations de feux d’artifice et ces appels à rester à la maison font que nous sommes en train de vivre un moment tristement historique : c’est la première fois depuis 1890 que certaines communes de France ne célébreront pas la fête nationale. 

À l’époque, ce défilé militaire visait à célébrer la prise de la Bastille par les parisiens, première journée d'insurrection populaire symbolisant la fin de l'Ancien Régime. C’était aussi une remise au goût du jour de la Fête de la fédération du 14 juillet 1790 quand la France, menacée de toutes parts, s’accrochait aux symboles tous neufs de sa République. L'instauration un siècle plus tard d'une parade militaire par la Troisième République …

Régis Le Sommier

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