Turquie : l’ère Erdoğan persiste, l’Europe se résigne
Le président par intérim de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, prononce un discours lors d'un rassemblement de ses partisans sur la place près du palais présidentiel. 29.05.2023 Turquie, Ankara Photo
À l’issue d’un second tour serré, Recep Tayyip Erdoğan garde les rênes de la Turquie pour encore cinq ans. Un camouflet pour les Occidentaux qui pariaient sur son opposant, le modéré Kemal Kiliçdaroğlu. Le pays inquiète les observateurs par son inflation record qui ne limite pas pour autant les ambitions géopolitiques de la Turquie.
Mayeul Chemilly
31 mai 2023 à 07:49
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Difficile de ne pas percevoir, dans la presse occidentale, la déception résignée qu’inspirent les résultats de l’élection présidentielle turque. Recep Tayyip Erdoğan, 69 ans, cofondateur de l’AKP (Parti de la justice et du développement), a été réélu pour la troisième fois consécutive ce dimanche 28 mai 2023. Il obtient 52,2 % des suffrages exprimés, soit 2,3 millions de voix d'avance sur son opposant Kemal Kiliçdaroğlu. « Nous serons ensemble jusqu’au cimetière », raille l’homme fort du régime dans son discours de victoire. Il faut dire que la génération née à l’aube du XXIe siècle n’a pratiquement pas connu d’autre visage que le sien : Erdoğan était déjà aux manettes entre 2003 et 2014, alors en tant que Premier ministre.
Sa réélection dimanche ne faisait guère de doute, sauf pour les Européens et leurs alliés américains qui avaient acquis l’intime conviction, à force d’auto-persuasion, que Kiliçdaroğlu allait l’emporter. Il faut dire qu’il inspirait confiance et faisait témoignage de bons sentiments envers les Occidentaux ! Amers, les premiers articles de la presse française annoncent une victoire « revendiquée » par Erdoğan, traduisant un doute sur sa légitimité, titrent sur les « inquiétudes » des observateurs, ou dénoncent les « avantages injustifiés » dont il aurait bénéficié. Le même phénomène est visible aux Royaume-Uni et aux États-Unis, chose que n’a pas manqué de moquer la chaîne télévisée turque TRT World.
« Les ambitions d’Erdoğan vont être décuplées »
Pour Ana Pouvreau, analyste géopolitique spécialiste des mondes russe et turc, la « maladresse » du traitement des élections turques par les médias occidentaux risque de « creuser les aversions entre l’Occident et la Turquie ». Car derrière cette élection, c’est tout un équilibre géopolitique qui est en jeu. La Turquie est l’une de ces puissances-pivot dont ni les États-Unis, ni l’Europe ne peuvent se passer. Aussi a-t-il fallu se résigner à féliciter le Reis, Joe Biden et Ursula von der Leyen en …
Mayeul Chemilly
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