Serbes du Kosovo : ce peuple qu’on oublie trop souvent
Des soldats de la KFOR placent un fil barbelé devant la mairie de la ville de Zvecan, dans le nord du Kosovo, le mercredi 31 mai 2023. Des centaines de Serbes de souche ont commencé à se rassembler devant la mairie dans le cadre de leurs efforts répétés pour prendre le contrôle des bureaux de l'une des municipalités où les maires de souche albanaise ont pris leurs fonctions.
Les regains de tensions entre Serbes et Albanais survenus ces dernières semaines au Kosovo n’ont de cesse de nous rappeler l’histoire des relations entre ces deux peuples. Et pour cause, 15 ans après la déclaration d’indépendance du Kosovo, la Serbie entend se battre pour conserver cette province qu’elle considère comme son « cœur historique ».
Sofia Gau
6 juin 2023 à 14:17
Partager via
La lecture des articles est réservée aux abonnés
« Le Kosovo, c’est le cœur de la Serbie ! Stop à la violence ». Interprétés par certains médias comme une provocation directe, ces mots sont ceux inscrits en cyrillique par Novak Djokovic lundi dernier, alors qu’il venait de remporter un match du tournoi de Roland-Garros. Le tennisman serbe a par la suite confirmé ses propos et n’a pas souhaité répondre à la Ministre française des sports, Amélie Oudéa-Castéra, qui a considéré de son côté que ces propos n’étaient « pas appropriés ».
Le message de Novak Djokovic est loin d’être anodin. Il fait écho à un sentiment identitaire fort pour la population serbe. Bien que cette province fait partie intégrante de leur histoire, les Serbes sont aujourd’hui largement minoritaires au Kosovo. Seuls 120 000 Serbes sont aujourd’hui restés vivre sur leurs terres historiques. Ce qui représente 5% de la population globale de la région. 40 000 Serbes sont concentrés dans le nord de la région, notamment dans la ville de Kosovska Mitrovica considérée par certains comme la « Berlin des Balkans » en raison de sa division. Les autres 80 000 Serbes se retrouvent dispersés au sud de la rivière Ibar où certains vivent dans des villages enclavés comme celui de Velica Hoca, où Régis Le Sommier et son équipe s’étaient rendu en décembre dernier.
Le Kosovo, la « Jérusalem serbe »
L’attachement des Serbes au Kosovo ne peut se comprendre sans sa dimension spirituelle. Les Serbes désignent volontiers leur province sud sous le vocable de « Kosovo et Métochie ». La Métochie constitue la moitié ouest de la région du Kosovo. Ce nom rappelle qu'elle était historiquement un « métochion », c'est-à-dire qu'elle dépendait d'un monastère orthodoxe. « Métochie » signifie aussi « terre d’église ». Et pour cause, elle concentre la grande majorité des monastères les plus célèbres comme celui de Decani ou de Peč. Les monastères du Kosovo abritent encore aujourd’hui des communautés de moines et de moniales. Ils constituent des terres sacrées de l’orthodoxie serbe. …
Sofia Gau
Soutenez un média 100% indépendant
Pour découvrir la suite, souscrivez à notre offre de pré-abonnement
Participez à l'essor d'un média 100% indépendant
Accédez à tous nos contenus sur le site, l'application mobile et la plateforme vidéo
Profitez de décryptages exclusifs, d'analyses rigoureuses et d'investigations étayées
Soyez le premier à ajouter un commentaire