Régis Le Sommier, directeur de la rédaction d'OMERTA, nous propose une réflexion stimulante sur l'inversion des valeurs Est-Ouest entre la période soviétique et les temps présents.
Régis Le Sommier
8 septembre 2024 à 22:00
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En 1974, à la suite de la publication à Paris de L’Archipel du Goulag qui révélait au monde l’existence des camps de travail, Alexandre Soljenitsyne fut expulsé d’Union Soviétique et déchu de sa nationalité. C’est l’époque où les dissidents du soviétisme trouvaient refuge à l’Ouest. S’ils n’avaient pas été éliminés dans leur pays d’origine, c’est qu’ils étaient trop visibles. Leur notoriété et leur caractère « déviant » était devenus nuisible au système soviétique lui-même. Alors, on les laissait partir. L’arrivée chez nous de Soljenitsyne fit sensation. On aimait ce géant Russe et son faux-air de personnage de Dostoïevski tant qu’il parlait devant des assemblées conquises du monde obscur d’où il venait de s’échapper. Son Archipel, compilation de diverses plumes russes sur les conditions de vie dans les goulags du pays, prit aussitôt toute sa place aux côtés de Si c’est un homme de Primo Levi ou de La Nuit d’Elie Wiesel, parmi cette littérature qui permet à l’humanité de savoir. Certains s’imaginaient logiquement que Soljenitsyne allait également promouvoir avec force nos valeurs occidentales. Or il n’en fut rien. Pire, l’ingrat se mit à professer qu’il se trouvait chez nous des signes avant-coureurs du totalitarisme. On décida d’ignorer cet aspect de sa personne. On ne prit pas attention par exemple à son discours aux étudiants de l’université d’Harvard. « Il nous faudra nous hisser à une nouvelle hauteur de vue, proposait-il aux étudiants américains, à une nouvelle conception de la vie, où notre nature physique ne sera pas maudite, comme elle a pu l'être au Moyen-Âge, mais, ce qui est bien plus important, où notre être spirituel ne sera pas non plus piétiné, comme il le fut à l'ère moderne ». Cette critique à peine voilée des sociétés occidentales fut encore plus brutale chez Vladimir Boukovski. Ce dissident soviétique venait de passer douze ans de sa vie au camp Perm-36 en Sibérie, un hôpital psychiatrique. L’homme avait connu son lot de rééducation. Or …
Régis Le Sommier
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Commentaires
Sébastien DENIMAL
Il y a 1 semaines
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1
Permettre au tout à chacun de s'intéresser à des penseurs exceptionnels tel qu'Alexandre Soljenitsyne est clairement d'utilité publique. Judicieux, bravo Omerta !
Yann MORELLEC
Il y a 3 semaines
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1
C'est vrai que cette union européenne ressemble de plus en plus à la défunte URSS !!
Sébastien DENIMAL
Il y a 1 semaines
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Permettre au tout à chacun de s'intéresser à des penseurs exceptionnels tel qu'Alexandre Soljenitsyne est clairement d'utilité publique. Judicieux, bravo Omerta !
Yann MORELLEC
Il y a 3 semaines
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1
C'est vrai que cette union européenne ressemble de plus en plus à la défunte URSS !!