Prostitution des mineurs dans les banlieues, "Marie s'infiltre" brise l'omerta
"Marie s'infiltre" est partie à la rencontre des jeunes de banlieue pour les interroger sur la vision qu'ils ont de la femme.
Dans une série de reportages publiée le 30 novembre dernier, la vidéaste Marie Benoliel, alias « Marie s’infiltre », a dressé un panorama édifiant de la condition de la femme dans certaines banlieues françaises. Cette séquence, qui a cumulé plusieurs millions de vues, n’a pas provoqué l’indignation des médias de masse. Eclaircissant des zones d’ombres peu documentées jusqu’à maintenant, elle a mis en lumière le climat d’oppression permanent que subissent les femmes.
Paul Beffroy
28 décembre 2022 à 16:35
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La « réalité comique » qu’elle appelle de ses vœux dans ses précédentes vidéos s’est aujourd’hui heurtée à un mur nommé « évidence » : l’évidence de la condition des femmes dans certaines banlieues de France. Dans une série de micro-trottoirs, elle s’est employée à interroger badauds, proxénètes et victimes dans un triste concert d’anecdotes vécues ou entendues.
« Elles sont pas hlel »
Entendez par là « licite », conforme aux enseignements d’un certain code de conduite lié à un dogme religieux. C’est l’une des remarques assez récurrentes au fil du visionnage. Les hommes interrogés y font preuve d’une contradiction stupéfiante. Lorsque Marie Benoliel et son homologue les interrogent sur leur propre pratique sexuelle, ceux-ci vont presque jusqu’à vanter leurs mérites, comme si ce genre de prouesse ne pouvait incomber qu’à des performeurs masculins. En revanche, si des filles font preuve d’autant de légèreté dans leurs mœurs, cela devient intolérable. L’un deux s’emporte : « tu vas présenter quoi à ta mère ? Tu ne vas pas présenter une merde quand même ? (…) On les appelle boîtes à Sida ».Argument imparable, qui suscite le rejet et l’opprobre auprès de camarades de classes, d’amis, du cercle familial. Ces injonctions emprisonnent de nombreuses jeunes femmes dans la détestation de soi, de son corps. « Mais pourquoi ce serait sale de baiser ? », rétorque l’infiltrée.« La facilité de l’avoir baisée, ça c’est sale », obtient-elle comme réponse.
« La pureté et la pudeur » sont deux thématiques fréquemment abordées lors des interviews. Faisant souvent allusion à l’intégrité de leurs sœurs ou des filles du quartier, de véritables logiques claniques animent ces jeunes hommes et organisent les relations sociales. « S’il veut me donner sa sœur, c’est que je suis un mec respectable (…) s’il veut pas c’est mort j’y touche pas », arguera l’un des jeunes hommes interviewés par Marie Benoliel en faisant allusion à son compère. Un système d’échange fondé sur la respectabilité …
Paul Beffroy
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