Géopolitique

[Essai] Pour l’honneur d’une profession

« Georges Orwell est mon modèle », explique Régis Le Sommier au détour d’un chapitre de Jusqu’au dernier Ukrainien. Le directeur de la rédaction d’Omerta vise ici les pages flamboyantes rédigées par l’anarchiste conservateur anglais en Catalogne lors de la guerre civile espagnole. Pour lui, le conflit ukrainien est avant tout une nouvelle guerre civile européenne envoyant des dizaines de milliers de jeunes gens à la mort. Son titre, il l’emprunte à un sénateur républicain américain réputé pour son cynisme. Non bien entendu qu’il partage cette injonction, mais bien qu’en tant qu’ancien correspondant de Paris-Match aux États-Unis, il connait les ressorts des stratégies néo-conservatrices élaborées outre-Atlantique. 

Qu’il se trouve aux côtés des Français engagés du côté ukrainien ou des vétérans d’Afghanistan et de Tchétchénie formant les 300 000 conscrits mobilisés côté russe, Régis Le Sommier décrit le quotidien de combattants usés prématurément par les duels incessants de l’artillerie. Par rapport aux grandes batailles des deux Guerres mondiales du siècle précédent, la principale nouveauté semble être l’irruption des drones équipés de caméras qui rendent désormais illusoire la sécurité des tranchées. L’œil du journaliste saisit les modèles d’armes, croque l’instructeur américain comme le chef cosaque. Le métier de correspondant de guerre a au fond peu changé depuis Malaparte. 

En remettant les hommes au milieu de la bataille, Régis Le Sommier démonte page après page la doxa imposée dans les médias occidentaux par des journalistes alignés sur une lecture purement morale, et à sens unique, de cette guerre. Une guerre qui devra bien s’effacer pour faire place à la paix. À cet effet, Régis Le Sommier nous invite à écouter les militaires d’active et à intégrer le fait que « les Américains sont les seuls à pouvoir mettre un terme à cette guerre ». Les dirigeants européens feraient bien de méditer cette conclusion forgée grâce à une expérience du terrain devenue une chose trop rare chez les journalistes qui préfèrent désormais la fréquentation assidue des plateaux de télévision à la prise de risques intellectuelle et physique. 

Régis Le Sommier, Jusqu’au dernier ukrainien, Max Milo, 156 p., 18,90 euros. 

Jérôme Besnard

Soutenez un média 100% indépendant

Pour découvrir la suite, souscrivez à notre offre de pré-abonnement

Participez à l'essor d'un média 100% indépendant
Accédez à tous nos contenus sur le site, l'application mobile et la plateforme vidéo
Profitez de décryptages exclusifs, d'analyses rigoureuses et d'investigations étayées

Commentaires

Soyez le premier à ajouter un commentaire

À lire

Perpignan : Éric Naulleau parraine le premier Printemps de la liberté d’expression

Est-on encore libre de s’exprimer en France où se heurte-on à diverses formes de censure dès lors que l’on critique le wokisme ou l’islamisme ? C’est l’interrogation que formulent chacun à leur façon les invités du premier Printemps de la liberté d’expression organisé au Palais des Congrès de Perpignan du 3 au 5 mai par le Centre Méditerranéen de Littérature. Une initiative salutaire qui rassemble Michel Onfray, Henri Guaino, Jean Sévillia, Georges Fenech, Boualem Sansal ou encore Alain de Benoist.

[Éditorial] Nouvelle-Calédonie : le dégel du corps électoral s’impose

Après trois échecs référendaires, les indépendantistes kanaks, soutenus et encouragés par des puissances étrangères, tentent de s’opposer au dégel du corps électoral en Nouvelle-Calédonie. Un jusqu’au boutisme qui s’oppose à la volonté de la majorité des Néo-Calédoniens, soucieux de perpétuer les liens tissés depuis 1853 dans le respect des traditions de cet archipel du Pacifique.

Jeux Olympiques : une douche froide pour les hôtels parisiens

La période des Jeux Olympiques était censée être synonyme de franc succès pour les hôtels. A 120 jours de l’événement de l’année, de nombreuses chambres restent encore inoccupées pour l’occasion. Des prix exorbitants semblent freiner les clients. Les hôtels enclenchent la marche arrière et commencent à baisser leur prix.

CETA : le point sur ce dossier après le rejet du traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada par le Sénat français

Le gouvernement français est gêné aux entournures par le rejet au Sénat du traité de libre-échange entre l’UE et le Canada, déjà entré provisoirement en vigueur et ratifié par l’ancienne Assemblée nationale. Une initiative communiste qui risque fort de revenir en débat fin mai à l’Assemblée nationale par le biais d’une niche parlementaire.

Obus nord-coréens sur front ukrainien : le cadeau de Kim à Poutine

La grande presse l’avait évoqué, OMERTA l’a constaté, ce sont bien des obus fabriqués en Corée du Nord qui ont en partie assuré l’approvisionnement de l’artillerie russe pilonnant les troupes ukrainiennes, comme le raconte Régis Le Sommier dans le quatrième numéro de notre magazine disponible en kiosque dès le jeudi 8 février.

À Voir

Iran : retour d'expérience sur CNews de Régis Le Sommier