[Portrait] Viktor Bout : le véritable Yuri de « Lord of War » rendu aux Russes
Viktor Bout à sa libération
Un échange d’otages a eu lieu entre la Russie et les États-Unis le 8 décembre dernier. Contre la basketteuse Brittney Griner, incarcérée en Russie pour détention de drogue, les Etats-Unis ont renvoyé le célèbre marchand d’armes Viktor Bout. Portrait d’un trafiquant sulfureux.
Alexandre de Galzain
21 décembre 2022 à 17:09
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L’œil militaire, la moustache stalinienne : à 55 ans, la vie de Viktor Bout semblait presque totalement détruite. Incarcéré depuis onze ans dans une prison de l’Illinois, au cœur des États-Unis, il était censé y rester encore quatorze autres années, jusqu’à l’expurgation totale de sa peine. Il a été libéré, et relâché en Russie.
Sa vie est pour le moins romanesque. Il a d’ailleurs inspiré à Andrew Niccol le célèbre film Lord of War, blockbuster des années 2000 dans lequel Nicolas Cage interprète le personnage principal. Né au Tadjikistan, il se destinera très tôt aux renseignements, et sera recruté par l’Armée rouge peu avant la chute du mur de Berlin en tant qu’officier-interprète.
Viktor Bout parle en effet pas moins de dix langues, connaissances utiles pour le futur trafiquant d’armes qu’il deviendra, peu après la chute du Bloc Soviétique en 1991. Après la tombée du rideau de fer, la libéralisation de l’URSS devient totale, et le communisme ne parvient pas à s’y adapter. Résultat : les oligarques s’emparent des conglomérats pétroliers, et Viktor Bout s’empare des armes soviétiques, alors qu’il n’a que vingt-quatre ans. La corruption fait rage, il en profite.
La construction d’un empire
L’empire de Viktor Bout se constitue en quelques années. Il acquiert très vite une soixantaine d’avions et hélicoptères, de combat comme civils, avec leurs pilotes. Il se constituera ainsi la plus grande flotte aérienne privée au monde afin de transporter ses armes. Plusieurs centaines de personnes auraient travaillé directement pour lui : Viktor Bout, c’est un peu Wagner avant l’heure.
Il ira jusqu’à détenir des compagnies aériennes et de nombreuses sociétés-écrans pour affréter ses vols. Prestataire pour l’ONU en Somalie, collaborateur lors d’opérations humanitaires ou pacifistes (pour l’armée française) au Rwanda : il était ce diable avec lequel on était forcé de pactiser. Il se définira toujours comme un homme d’affaires, bien que les contrats qu’il signât soient pour le …
Alexandre de Galzain
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