Géopolitique

Nouvelle condamnation de Navalny, un non-évènement pour les Russes

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C’est l’indifférence qui semble dominer en Russie après l’annonce, vendredi 4 août, du nouveau verdict dans le dossier Alexeï Navalny. Sur la quarantaine de personnes que nous avons interrogée dans le centre-ville de Moscou, seules 11 avaient entendu parler de Navalny et aucune n’était au courant de ce nouveau procès, pourtant couvert par les médias nationaux. « Sa fille étudie à Stanford, avec quel argent ? Celui de ses militants ou celui de ses copains en Occident ? », nous fait remarquer Alexandre, 27 ans, employé de banque. Nous lui répondons que la fille Navalny n’est pas un cas unique, que beaucoup de politiques et d’hommes d’affaires russes envoient leur progéniture sur les bancs d’universités occidentales prestigieuses. « Ils ont un travail, eux, on sait d’où vient leur argent, rétorque Alexandre. De plus, Navalny prétendait combattre les pratiques actuelles et pourtant il fait exactement pareil ».

Pour les plus âgés, Navalny est une survivance d’une autre époque, celle où les élites russes étaient téléguidées par l’Occident au détriment de la souveraineté nationale. « Nous avons déjà laissé humilier notre pays une fois, dans les années 1990, ça suffit », ne décolère pas Sergueï, 59 ans. « Vous l’avez entendu, Navalny et sa bande ? Ils appellent à nous sanctionner ! Son propre pays, son propre peuple ! Et vous voulez me faire croire que c’est de nos intérêts qu’ils se soucient ? Personne de sensé ne peut croire une chose pareille ! »
 
« Navalny, une opposition ? »
 
Avis partagé par Nikolaï, 52 ans : « Vous savez, Vyssotsky [Vladimir Vyssotsky, auteur-interprète-compositeur, acteur soviétique, époux de Marina Vlady, ndlr] disait : “J’ai certains griefs contre mon pouvoir, mais ce n’est pas avec vous que je vais les discuter”. Il le disait aux journalistes occidentaux. C’est le bon état d’esprit. Ce qui se passe chez nous ne concerne personne en dehors. Je ne peux pas soutenir quelqu’un qui trahit ce principe ».
 
Autre reproche que formulent nos interlocuteurs …

Annabelle Grünwald

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