Politique
Michel Barnier à l’Assemblée nationale : « Un gouvernement qui ne fera pas de miracles »
Michel Barnier, Premier ministre français
Le nouveau Premier ministre effectue son grand retour dans un hémicycle du Palais Bourbon qu’il connait bien pour l’avoir fréquenté de 1978 à 2009 comme député et comme membre de plusieurs gouvernements. S’il a prononcé le traditionnel discours de politique générale, celui-ci, faute de majorité législative, n’a pas été suivi d’un vote d’approbation. Très applaudi par les députés LR, Michel Barnier n’a pas hésité à moucher son prédécesseur.
Le nouveau Premier ministre a réussi son entrée en piste, ou plutôt son retour dans un hémicycle qu’il connait bien. Lui qui a commencé sa carrière parlementaire sous Valéry Giscard d’Estaing comme benjamin de l’Assemblée nationale est aujourd’hui, à 73 ans, le Premier ministre le plus âgé à entrer en fonction sous la Ve République.
Des finances publiques dans le rouge
Après une minute de silence en hommage à Philippine Le Noir de Carlan, l’étudiante de l’université Paris-Dauphine assassinée par un criminel en situation irrégulière, a rappelé malgré la bronca imposée par les députés du groupe LFI qu’une « véritable épée de Damoclès » de 3 228 milliards d’euros de dette publique pesait sur les finances de la France et qu’il héritait du gouvernement Attal un déficit qui dépasser les 6 % au 31 décembre. Il a rappelé que le Projet de loi de finance qu’il va présenter aux parlementaires a été ficelé en « extrême urgence » en raison du calendrier politique de l’été.
De ce fait, il a annoncé demander un « effort ciblé, limité dans le temps » aux grandes entreprises et aux contribuables les plus fortunés. En contrepartie, pour lutter contre la fraude sociale, il a annoncé entreprendre la sécurisation des cartes vitales, une mesure réclamée depuis des années par l’ancien magistrat Charles Prats, aujourd’hui engagé en politique auprès d’Éric Ciotti. Invoquant aussi bien le général de Gaulle que Pierre Mendès France, il a tenté ensuite déroulé un catalogue de propositions censées trouver des majorités variables, par delà le clivage gauche-droite.
Le « en-même temps » se poursuit
Insistant sur la « dette écologique », autre « épée de Damoclès », il a rappelé la nécessité de conforter la production énergétique nucléaire française et a posé certaines interrogations pertinentes quant à l’implantation éoliennes qui demanderont à être confirmées. Sur le plan de l’immigration, il a emboité le pas aux déclaration de son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau : il veut en finir avec la logique de la table ouverte et du tapis rouge déroulé aux migrants.
D’autres passages de son discours ont inquiété les milieux conservateurs, qu’il s’agisse de la relance de la discussion du projet de loi sur l’euthanasie, l’idée d’une « Journée nationale consultation citoyenne qui rappelle les (mauvais) rêves de « démocratie augmentée » que caressait Emmanuel Macron durant son premier quinquennat ou le moratoire sur l’évolution du corps électoral en Nouvelle-Calédonie. Tout Premier ministre qu’il soit, Michel Barnier reste sous l’autorité constitutionnelle de l’actuel Président de la République, conformément à l’esprit de la Ve République.
Ne pas froisser inutilement le RN
Le débat qui a suivi cette déclaration de politique générale a surtout permis de mieux comprendre les rapports de force qui s’installent : épargnant Marine Le Pen, car n’ayant rien à gagner à froisser d’entrée le Rassemblement national qui détient la clef d’une éventuelle motion de censure, il n’a pas hésité à remettre en place Gabriel Attal qui lui lègue un passif financier inquiétant même si ce dernier n’en est guère responsable vu le peu de temps qu’il a passé à Matignon.
Jérôme Besnard
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