Maurice Gourdault-Montagne : « L’Ukraine est une construction récente »
Le diplomate Maurice Gourdault-Montagne lors de sa venue chez OMERTA.
Le diplomate Maurice Gourdault-Montagne est entré au Quai d’Orsay en 1978. Il fut le directeur de cabinet du Premier ministre Alain Juppé de 1995 à 1997. Ambassadeur de France au Japon puis conseiller diplomatique de Jacques Chirac à L’Élysée de 2002 à 2007, il sera ensuite en poste dans les ambassades françaises à Londres, Berlin puis Pékin. Il a terminé sa carrière comme secrétaire général du ministère des Affaires étrangères en 2019. Reconverti dans le conseil, il nous éclaire ici sur la remise en cause du modèle occidental. Un entretien, réalisé à l’occasion de notre premier magazine, « Ukraine, la vérité qui dérange » (février - mars - avril 2023). Un numéro que vous pouvez acheter dès à présent sur notre site internet boutique.omertamedia.fr.
Régis Le Sommier
30 août 2024 à 13:20
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RÉGIS LE SOMMIER :
Vous avez été ambassadeur de France en Allemagne, en Chine, au Royaume-Uni. Vous avez aussi été conseiller diplomatique de Jacques Chirac de 2002 à 2007, Secrétaire général du Quai d’Orsay de 2017 à 2019. Je vais commencer par le titre de votre dernier livre, « Les autres ne pensent pas comme nous ». Comment ce titre vous est-il venu ?
MAURICE GOURDAULT-MONTAGNE :
Les autres... c’est-à-dire que nous, nous avons une manière de voir les choses ; projeter ce que nous sommes ; et nous imaginons que dans la tête des autres, les raisonnements sont les mêmes, la vision du monde est la même. Mais c’est faux. Et il y a une phrase, que m’avait dit un de mes premiers patrons, c’était : « mais vous savez, gardez bien en tête, souvenez-vous que les Allemands ne sont pas des Français qui parlent allemand » et pourtant, les Allemands sont nos voisins. Et donc ça vaut, je crois, pour tous. Ça a été pour moi un vade-mecum que d’avoir en tête cette idée, et de comprendre les autres ; essayer de sortir d’un schéma qui nous enferme, finalement, sur nous-mêmes. Donc ceci doit être un réflexe, maintenant, que nous devons acquérir : essayer de comprendre ce qu’il y a dans la tête des autres, non pas pour justifier nécessairement tous leurs actes et leurs actions, « nous sommes qui nous sommes », nous avons construit ce que nous sommes, nous les Français, nous l’avons construit avec les Lumières, avec la Révolution, les valeurs qui ont fait la République française, les valeurs dans lesquelles on a été éduqués. Mais admettons que d’autres voient les choses un peu différemment, et si nous voulons coopérer avec eux, coexister avec eux, vivre avec eux, défendre nos intérêts, essayer de promouvoir nos intérêts aussi chez eux, essayer de comprendre la manière dont eux nous perçoivent et pour quelle raison... Chacun porte avec lui une charge, je dirais rationnelle, qui est celle de l’histoire, qui est celle de la géographie dans laquelle on vit - je parle des peuples - mais …
Régis Le Sommier
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